Le Département de la Justice des États-Unis a annoncé publiquement l’inculpation de Huawei pour plusieurs crimes fédéraux. Le procureur général par intérim Matthew Whitaker, le directeur du FBI Christopher Wray, la secrétaire à la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen et le secrétaire au Commerce Wilbur Ross ont conjointement évoqué les faits reprochés au géant chinois. La procédure engagée devrait continuer d’attiser les tensions qui animent la Chine et les États-Unis depuis l’arrestation et l’extradition imminente de la CFO et fille du PDG de Huawei, Meng Wanzhou.

Un des premiers actes d’accusation concerne d’ailleurs directement la CFO du groupe. En effet, avec d’autres employés elle est accusée de fraude. Ils auraient dénaturé la relation avec une société iranienne, lui permettant de continuer de travailler avec des banques et d’autres autorités malgré les sanctions américaines. Des opérations de blanchiment d’argent sont également évoquées, mais ne sont pas détaillées.

Un autre volet des accusations porte sur le vol de secrets industriels de T-Mobile. Huawei aurait violé un accord de confidentialité en dérobant des informations, ainsi que des éléments physiques, sur un robot dédié au test de smartphones. Pire, la société chinoise aurait récompensé par des bonus les employés réussissant à obtenir des technologies en provenance de concurrents.

« Les accusations qui ont été levées aujourd’hui sont le résultat d’années de travail d’enquête de la part du FBI et de nos partenaires de l’application de la loi. Les deux séries d’accusations dénoncent les actions effrontées et persistantes de Huawei visant à exploiter les entreprises et les institutions financières américaines et à menacer le marché mondial libre et équitable, » a déclaré le directeur du FBI Christopher Wray.

Alors que les États-Unis ont émis depuis de très longs mois de vives suspicions sur des opérations d’espionnage de la part de Huawei, le sujet dérive vers des problématiques plus business. Bien qu’il s’agisse d’espionnage industriel, le gouvernement américain évoquait plutôt une surveillance au profit du régime de Pékin. La firme chinoise a toujours démenti, et l’Allemagne, après enquête dans un site de production a confirmé qu’elle n’avait pas identifié quelque élément suspect dans le matériel informatique.

Quoi qu’il en soit, les crimes reprochés à Huawei vont clairement l’embourber dans un processus judiciaire long complexe. Si le FBI détient bien des preuves pour les différentes inculpations, Meng Wanzhou ne risque pas de retourner en Chine de sitôt.