C’est une longue série pleine de rebondissements que nous proposent les États-Unis depuis le mois de novembre. Alors qu’ils ont émis de vives suspicions sur des activités d’espionnages, Meng Wanzhou a été arrêtée en décembre au Canada, sur ordre des États-Unis. Elle est accusée d’avoir violé les sanctions américaines mises en place contre l’Iran. Si l’on pouvait penser à une manoeuvre d’intimidation, il n’en est rien. Les USA ont confirmé leur volonté d’extrader la CFO de la firme chinoise, au risque de faire empirer la situation.

Le contexte est particulièrement compliqué pour le Canada qui se retrouve pris entre deux puissances. La Chine a d’ailleurs procédé à une arrestation arbitraire d’un touriste canadien, et a aggravé le jugement d’un ressortissant accusé de trafic de drogue. Récemment, China Daily, le média d’état du pays a écrit que « si le Canada continue de faire ce que les États-Unis exigent de lui, ses relations avec la Chine, y compris ses relations commerciales, vont certainement se détériorer davantage ». Rapidement, Huawei a occupé l’espace médiatique international, et pour diverses raisons. Dans un premier temps, l’Allemagne a annoncé officiellement qu’aucune preuve d’espionnage n’avait été découverte après une enquête menée par l’organe d’état de sécurité informatique (BSI). Cependant, en Pologne, Weijing Wang, un salarié de Huawei a été arrêté et accusé d’espionnage au profit de la Chine. Pas de chance pour la firme qui a tout de même congédié le salarié en question quelques jours plus tard. Enfin, il y a quelques jours, le Wall Street Journal a révélé qu’une enquête fédérale américaine pourrait mettre la lumière sur de nouveaux éléments d’accusation. Un enchaînement long et éprouvant pour la société chinoise qui attend toujours de rapatrier sa CFO.

Ce qui rend cette affaire d’autant plus complexe, c’est que Meng Wanzhou est la fille du PDG et fondateur de Huawei. Également, les accusations à son encontre ne sont pas liées aux soupçons d’espionnage. Quoi qu’il en soit, si les États-Unis sont en mesure d’avoir sur leur sol Meng Wanzhou, cela leur donne un moyen de pression supplémentaire.

« Nous poursuivrons l’extradition de l’accusée Mme Meng Wanzhou et nous respecterons tous les délais fixés par le traité d’extradition Canada-États-Unis, » a déclaré Marc Raimondi, un représentant du département américain de la justice. Pour ce faire, le pays devra remplir une demande formelle d’extradition d’ici la fin du mois. Une fois reçu, le Canada aura 30 jours pour juger si les éléments fournis sont suffisamment pertinents pour confirmer le transfert de Meng Wanzhou vers les États-Unis.

La situation devient de plus en plus complexe, et de plus en plus tendue dans ce trio États-Unis, Canada, Chine. Le dénouement final est lui, tout aussi compliqué à percevoir.