Un tableau périodique datant de 1885 a été retrouvé dans les méandres du département de chimie de l’Université écossaise de Saint Andrews en 2014. Il a été restauré il y a peu, nous relate phys.org. Ce sont ces travaux de restauration et des recherches intensives qui ont permis d’attester cette fameuse date de 1885, qui en ferait le plus ancien du monde.

Comme on pouvait se l’imaginer, le département de chimie de Saint-Andrews regorgeait d’objets divers depuis sa création en 1968. Cependant, nul n’aurait parié qu’au fil des années une pièce d’une telle valeur s’y serait retrouvée glissée. Comme toujours dans ce genre d’histoire, ce sont de grands travaux (de nettoyage dans notre cas) qui ont permis à cette belle pièce de refaire surface. Elle était dans un état désastreux au moment de la découverte, tombant en ruines à l’usage. Le fait qu’un tableau périodique de classe soit aussi ancien a permis au personnel de prendre tout de suite conscience de la rareté de la pièce, qui a été rapidement authentifiée et réparée.

Pour vous faire prendre conscience de l’ancienneté de ce tableau périodique, sachez que le premier du nom a été inventé par le chimiste russe Mendeleev en 1871. Le modèle découvert dans l’Université Saint Andrews est légèrement différent de sa version, à l’image des tableaux d’aujourd’hui qui diffèrent aussi de celui du russe.

Une plongée dans l’histoire

Les éléments chimiques qui étaient présents étaient annotés en Allemand, mais pour autant, le tableau périodique ne vient pas d’Allemagne. En effet, la mention d’une imprimerie ayant existé à Vienne entre 1875 et 1888 a été retrouvée. Le nom de l’imprimeur, mort en 1890, était également présent. Comme vous pouvez le voir, de précieux éléments de datation étaient présents d’emblée, mais ce sont les travaux de chercheurs internationaux qui ont permis d’avoir une idée vraiment précise de sa valeur. Le professeur Eric Scerri a par exemple remarqué que le gallium et le scandium, découvert en 1875 et 1879 étaient présents, alors que le germanium découvert en 1886 ne l’était pas. Un précieux indice de datation.

C’est cependant la plongée dans les vieux registres de l’Université, qui recensait l’achat d’un tableau périodique de 1885 en 1888, qui a permis de lever totalement le doute. L’observation des stocks de tableaux périodiques existants a aussi permis d’établir que ce tableau est le plus ancien connu à l’heure actuelle.

Un fort soutien pour la restauration

Les collections spéciales de l’Université ont reçu une subvention du National Manuscrits Conservation Trust (un organisme de charité qui travaille sur la conservation des manuscrits britanniques) et du conservateur privé Richard Hawkes pour la conservation du tableau. La restauration a nécessité un travail très complexe. Le tableau périodique a d’abord été brossé pour enlever les débris, puis séparé de son support en lin. La carte périodique a ensuite été trempée dans de l’eau sans ions ajustée à un pH neutre grâce à de l’hydroxyde de calcium, ce qui a eu pour effet d’éliminer les décolorations et l’acidité. Ensuite, le traitement anti acidité a été complété par une plongée dans un magnésium hydrogéné pour déposer une réserve alcaline dans le papier. Pour terminer, le trésor a pu définitivement reprendre son aspect grâce à du papier kozo et de l’amidon de blé, qui ont servi à réparer les déchirures.

Le tableau périodique est désormais parfaitement conservé dans les collections de l’Université où il profite de sa seconde vie. La technologie permet de faire des miracles quand il s’agit de renouer avec son passé. La découverte d’un fragment rocheux vieux de plusieurs milliards d’années par la sonde spatiale New Horizons va par exemple bientôt permettre d’en apprendre plus sur les origines de notre système solaire si tout se passe bien. Il y a quelques années, des logiciels avaient aussi permis de reconstituer le visage d’Henri IV en 3D .