Le torchon brûle depuis des mois entre Apple et Qualcomm. Tandis que la marque à la pomme annonçait dernièrement qu’un procès en bonne et due forme serait inévitable pour régler ses désaccords avec le fondeur californien, Qualcomm s’est pour sa part attaché à compliquer autant que possible la vie d’Apple en Chine (et plus marginalement en Allemagne) sur les dernières semaines de l’année 2018, en tentant d’y faire interdire un maximum d’iPhone à la vente. Dans ces conditions, autant dire que les informations retransmises en début de semaine par Cnet US (via The Verge) ne se montrent pas des plus surprenantes.

Ce lundi, le média spécialisé américain relayait les dires de Jeff Williams (Chief Operating Officer d’Apple), amené à témoigner devant la Federal Trade Commission dans le cadre d’un procès justement intenté par Apple à Qualcomm. L’intéressé expliquait notamment à la cour que Qualcomm aurait purement et simplement refusé de faire de nouveau affaire avec Apple sur le terrain des puces modem. Depuis des années, Apple équipe en effet ses iPhone de modems signés Qualcomm et aurait souhaité faire de même, sans succès, avec sa dernière cuvée de smartphones (les iPhone Xr, Xs et XS Max). C’est ce refus, et l’absence d’autres alternatives viables à grande échelle, qui aurait contraint Apple à se tourner – exclusivement – vers les puces modem d’Intel, également rival de Qualcomm sur ce marché.

Intel & Apple : une union contrainte et forcée du point de vue d’Apple

Cette information, confessée par Jeff Williams devant la justice américaine, apporte un éclairage nouveau au récent choix d’Apple en matière de partenaire industriel sur ce secteur. Cet été, alors qu’un accord entre Intel et Apple sur les puces modem qui équiperaient les prochains iPhone (lancés à la rentrée 2018) devenait peu à peu évident, la presse pointait que ce rapprochement entre les deux firmes était consenti par Apple à des fins stratégiques. Était alors supposé qu’Apple voulait prendre ses distances vis-à-vis d’un Qualcomm avec lequel il était déjà en conflit. On comprend aujourd’hui que la réalité était d’une toute autre nature, Apple ayant simplement dû faire avec un partenaire de longue date qui ne souhaitait plus collaborer.

Il faut toutefois porter au crédit de Qualcomm que ce refus est intervenu alors qu’Apple l’avait déjà attaqué pour « conditions de licence injustes« . La firme de Tim Cook reprochait alors, entre autres, à Qualcomm son mode de facturation et prenait en conséquence la décision de retenir le règlement d’une facture, pour un montant cumulé de 1 milliard de dollars, destinée au fondeur de San Diego. Une décision qui n’est pas restée sans réponse juridique de la part de Qualcomm.

Reste que la situation pourrait devenir complexe pour Apple, qui dépend actuellement d’un seul et unique fournisseur de puces modems pour ses iPhone actuels et futurs : Intel. Une situation d’autant plus délicate que la maîtrise d’Intel sur le marché du modem n’est pas celle de Qualcomm, et que le fabricant, essentiellement spécialisé dans les processeurs, ne sera pas en mesure de produire en masse des puces modem 5G avant l’horizon 2020… forçant de fait Apple à rester sur des mobiles ne disposant que d’une « simple » connectivité 4G, et ce pendant encore une année minimum. Pour rappel, Samsung – numéro 1 sur le smartphone – doit pour sa part lancer un Galaxy S10 compatible 5G sur le premier semestre 2019. Son annonce pourrait intervenir dès le 20 février prochain, en même temps que les autres déclinaisons de Galaxy S10, lors d’un événement spécialement organisé par le géant coréen à San Francisco.