Les actionnaires de Google ont déposé le 10/01 une plainte contre sa société mère, Google Alphabet. Le motif est simple, ils estiment que la société a manqué à son devoir en autorisant d’importants plans de sortie pour d’anciens dirigeants dont la culpabilité de harcèlement sexuel semblait avérée au sein de la boîte. Le document a été publié sur Internet il y a peu.

La plainte a été déposée ce matin à la cour supérieure de San Mateo par un actionnaire du nom de James Martin. Le but de la plainte est d’obtenir trois nouveaux administrateurs pour le conseil d’administration de la gigantesque société, ainsi que de mettre fin à la structure de vote à deux classes d’actions. Cette dernière permet aux deux cofondateurs de Google, Larry Page et Sergey Brin, de conserver en permanence la majorité des actions. Le but de cette plainte est donc également d’affaiblir leur pouvoir.
Enfin, elle vise aussi à que les anciens dirigeants restituent l’argent qui leur a été donné, et bien évidemment, à que des dommages et intérêts soient versés aux actionnaires.

Ce n’est pas la première plainte à ce sujet cette semaine, deux caisses de retraite ont intenté une poursuite similaire à la cour de San Mateo. Les sommes reçues par les anciens dirigeants sont indécentes. En octobre, le New York Times a par exemple rapporté que Andy Rubin, ancien patron d’Android, a bénéficié d’un plan de sortie à 90M de dollars. Toujours selon cet article, Amit Singhal, un autre ancien dirigeant, a reçu plusieurs millions de dollars après avoir été accusé d’avoir peloté une employée. Bien évidemment, les deux hommes nient totalement une quelconque culpabilité à l’heure actuelle.

Louise Renne, une des avocates qui travaille sur la plainte a déclaré que le conseil d’administration de Google Alphabet devait dès à présent prendre les bonnes décisions. Elle a rajouté « Il y’a des preuves tangibles de harcèlement sexuel à Google, et pourtant il n’y a pas eu de suivi approprié. En fait, bien au contraire, les auteurs ont été récompensés généreusement. Et c’est tout simplement inadmissible ».

C’est une secousse considérable qui traverse Google à l’heure actuelle suite aux soupçons de harcèlement qui entourent ses anciens dirigeants. 20000 employés du GAFA ont manifesté pour montrer leur révolte. Les grèves ayant agité la boîte ont permis d’obtenir plusieurs avancées. La fin des arbitrages forcés concernant les harcèlements sexuels et un rapport public annuel les reportant. La première des deux idées a été approuvée par la suite dans d’autres entreprises technologiques, dont Facebook. Les progrès ne s’arrêtent pas là. Les employés ont négocié l’égalité salariale et des opportunités entre femmes et hommes.

Les avocats travaillant sur la plainte ont déclaré qu’ils n’agissaient pas de concert avec les employés. Par ailleurs, selon leurs déclarations, Google a accepté de payer Andy Rubbin grassement avant tout par peur que l’affaire ne s’ébruite en cas de licenciement sans un motif valable. Le GAFA craignait qu’une éventuelle poursuite pour licenciement injustifié entraîne l’émergence des faits. Selon The Verge, le dossier de plainte s’appuie sur des pages des procès-verbaux des réunions du conseil d’administration entre 2014 et 2016. Ces assemblées concernaient les deux dirigeants sus-cités.

En raison d’un accord de confidentialité avec Google, il est impossible pour les plaignants d’y avoir pleinement accès. Cependant, un des avocats espère bien que les procès-verbaux seront rendus publics par les juges à l’avenir.

L’année 2019 commence très mal pour Google. Et vu la capacité d’un scandale à en soulever d’autres, on se demande si le géant du Web ne vivra pas une année aussi difficile que Facebook avec son affaire Cambridge Analytica.