C’est officiel, dans un document datant du 26 novembre 2018, le département de la sécurité intérieure des États-Unis a annoncé son intention de développer la reconnaissance faciale aux abords de la maison blanche. Des tests ont lieu depuis la mi-novembre, et devraient perdurer jusqu’à la fin du mois d’août 2019. Le but, pouvoir reconnaitre les menaces potentielles avant qu’elles ne s’approchent du président.

Dans sa version actuelle, le dispositif possède une base de données constituée de volontaires parmi les employés de la maison blanche. Lorsque les caméras à reconnaissance faciale identifient qu’une personne se rapprochant du lieu de travail du président à un profil similaire à ceux parmi la base de données, elle enregistre et transmet la séquence à une personne humaine. Cette dernière doit alors confirmer la ressemblance, dans le cas contraire, la vidéo est supprimée.

Le département de la sécurité intérieure reçoit régulièrement des photos de criminels. Avec l’ensemble des moyens dont il dispose, il pourrait rapidement créer une base de données contenant toutes les menaces potentielles connues à ce jour. Si ce dispositif est maintenu par la suite, les ennemis des États-Unis ne devraient plus jamais pouvoir s’approcher du président à visage découvert.

L’ACLU (Union américaine pour les libertés civiles), une association non lucrative, a fait remarquer le danger que représentait cette mesure pour les libertés individuelles. Elle a d’ailleurs souligné que c’était un grand pas vers la surveillance massive des américains dans les lieux publics. Elle s’inquiète également de savoir si il n’y aura pas un abus vis à vis des cibles définies comme des menaces dans la version définitive du projet.

Pour le département de la sécurité intérieure des États-Unis, il n’y a pas d’atteinte à la liberté. Le document présentant le projet reconnait le coté invasif de la reconnaissance faciale, mais souligne que la zone est déjà hautement surveillée, et que les gens peuvent choisir de ne pas s’y rendre. Plusieurs services de polices américains utilisent déjà Rekognition, le système de reconnaissance faciale d’Amazon, dans leur travail. Il n’est donc pas surprenant de voir que la sécurité intérieure a assez peu de scrupules à faire de même.

Néanmoins, à l’heure où la reconnaissance faciale fait encore des erreurs, on peut se demander si la généraliser ne pourrait pas entrainer de sérieux problèmes. Plusieurs associations de protection des libertés s’inquiètent notamment qu’elle soit utilisée au service de la violence ethnique. Il serait également légitime de s’inquiéter de voir les USA dériver et s’inspirer du modèle chinois en terme de surveillance. Vu le peu d’attachement des piliers du Soft Power américain comme Google aux valeurs de la vie privée, il ne serait pas étonnant que les élites gouvernementales partagent leurs opinions.