La blockchain dans le secteur financier n’est désormais plus marginale et plusieurs projets sont en cours à travers le monde, que ce soit dans le domaine des paiements interbancaires, des solutions de marché des capitaux ou de la certification et de la gestion des documents. Ce marché devrait d’ailleurs croître de 79,6% dans les années à venir, passant de 411 millions d’euros en 2017 à environ 7,6 milliards d’euros en 2022. C’est également la technologie principale qui permet l’échange de cryptomonnaies comme les bitcoins. Cette monnaie virtuelle est devenue très populaire mais sa régulation et son utilisation restent un défi majeur. A titre indicatif, le positionnement de la Banque de France sur ce sujet est très clair puisqu’elle recommande à tous de ne pas spéculer dessus ou alors c’est aux risques et périls des potentiels spéculateurs. Pour bien marquer sa distance avec le sujet, la Banque de France préfère d’ailleurs parler de « crypto actifs » plutôt que de « cryptomonnaie ».
Néanmoins, le bitcoin séduit et différents acteurs du monde financier l’ont bien compris en manifestant une volonté de rendre accessible à tous non plus uniquement en ligne mais également physiquement via l’installation de milliers de bornes et de distributeurs automatiques. Selon le Coin ATM Radar, site web qui répertorie les installations Bitcoin, 70 pays déjà disposent au moins d’un distributeur automatique de Bitcoins. Au rythme où les bitcoins se répandent, quel rôle auront les bornes et distributeurs dans l’accessibilité à cette monnaie ?

La régulation des cryptomonnaies : le nerf de la guerre pour assurer son expansion

D’après la communauté du bitcoin, d’ici 2019, près de cinq millions de personnes posséderont des bitcoins dans leur portefeuille de monnaies virtuelles au niveau mondial. Le nombre de transactions en Bitcoin par jour a été multiplié par 8, passant d’un peu plus de 50 000 à l’été 2014 à plus de 400 000 en 2018 (source : Blockchain.info). En raison de cette forte croissance, les marchés financiers sont confrontés à des questions concernant la nature et la viabilité des monnaies numériques. Plusieurs observateurs s’interrogent encore sur leur capacité réelle à devenir une alternative solide aux actifs actuels. Ainsi Standard & Poor’s a récemment déclaré à ce sujet : « Dans sa version actuelle, une cryptomonnaie est un instrument spéculatif, et un effondrement de sa valeur marchande ne serait qu’une vague dans l’industrie des services financiers, encore trop petite pour perturber la stabilité ou affecter la solvabilité des banques que nous évaluons ». D’autre part, les blockchains peuvent fournir un ensemble d’avantages conséquents comme la capacité à gérer efficacement les relations au sein des entreprises utilisant les Smart Contracts ce qui permet d’automatiser de nombreux processus fastidieux au sein de l’industrie bancaire, en matière de conformité, de traitement des réclamations…

Face à cet engouement, pays et gouvernements ont dû mettre en place des dispositifs pour réguler l’échange et le transfert de cryptomonnaies comme le bitcoin. Selon le magazine Capital, en novembre 2017, plus de 16 millions de bitcoins étaient en circulation dans le monde. En effet, basé sur un système qui rend impossible la traçabilité du transfert, le bitcoin séduit un grand nombre notamment pour les actes de cybercriminalité tels que le blanchissement d’argent ou la vente de stupéfiants. De nombreux pays ont donc décidé de prendre les choses en main pour limiter les risques et mettre en place une régulation de l’écosystème des cryptomonnaies et assurer une réelle stabilité, mais cela va à l’encontre de certains concepts de la blockchain.

Le bitcoin à la conquête des DAB

Surfant sur le phénomène des cryptomonnaies, des entreprises et des institutions financières se lancent dans le développement de solutions et de produits faisant appel aux bitcoins. Ainsi, des banques telles que BNP Paribas ou des entreprises de la finance, partout dans le monde rejoignent des consortiums dont celui de la start-up américaine R3. Cet acteur majeur de la blockchain cherche à décentraliser les systèmes à une plus petite échelle que les blockchains publiques en reliant les institutions financières au même registre distribué afin d’améliorer l’efficacité des transactions.
Ce phénomène ne se limite pas aux grandes sphères de la finance et arrive dans le quotidien des citoyens par le biais d’un équipement couramment utilisé : le distributeur automatique de billets ! En effet, des milliers de distributeurs et de bornes d’échange, communément appelés GAB Bitcoins, ont vu le jour partout dans le monde. Ces machines sont utilisables par tous et de manière totalement anonyme pour vendre ou acheter des bitcoins ou n’importe quels types de cryptomonnaies, contre de l’argent liquide.

Les pays où les paiements électroniques sont déjà très utilisés sont probablement les plus enclins à s’approprier les cryptomonnaies. Et les maîtres incontestables en la matière qui dépassent de loin tous les autres pays, sont les Etats-Unis avec presque 2 000 distributeurs implantés suivis du Canada qui en comptent à ce jour approximativement 500. Pour éviter les risques de cybercriminalité dû à la difficulté de tracer les échanges, ces deux pays ont installé, le système Robocoin sur leurs bornes et distributeurs. Robocoin permet d’identifier l’individu grâce à un contrôle biométrique complété par une carte d’identité et une reconnaissance faciale. Quant à la France, La maison du Bitcoin, située à Paris, est le premier bureau de change Euro/cryptomonnaies à avoir été créé. L’établissement offre la possibilité de vendre et d’acheter la cryptomonnaie via ses bornes physiques. Trois autres entreprises proposent leurs services dans ce domaine : MineOneCloud à Toulouse, BitAccess en région parisienne et le Groupe BTC France à Montpellier.

L’achat ou la vente de bitcoins ou toute autre cryptomonnaie pourrait devenir une opération courante s’intégrant complètement dans les opérations traditionnelles effectuées sur les GAB. Plusieurs scénarios sont possibles quant à son fonctionnement. Si le Client dispose déjà d’un portefeuille numérique, il peut s’en servir pour recevoir les bitcoins achetés ; dans le cas contraire, le distributeur créera un nouveau portefeuille (papier ou numérique, selon si le client dispose d’une application mobile associée sur son Smartphone). Le client choisit la quantité de bitcoin à acheter, ce qui peut être un montant en bitcoin et le système calcule l’équivalent en argent liquide et inversement. Dans les deux cas, le système négocie avec les bourses disponibles les paramètres de l’opération et donc le taux de change Bitcoin/devise, le coût de l’enregistrement de l’opération dans la blockchain et ainsi de suite. Le client n’a plus qu’à choisir son mode de paiement (par argent liquide, par carte bancaire ou par prélèvement automatique). Une fois l’achat effectué, l’opération est enregistrée dans la blockchain pour être validée. Vendre des bitcoins est un processus similaire mais dans ce cas un porte-monnaie numérique est nécessaire pour signer l’opération et la déplacer sur la blockchain.

Seules la croissance et la régulation des bitcoins pourront donner le ton de l’évolution du marché des cryptomonnaies. Leurs succès rassureront les banques et les inspireront pour démocratiser et intégrer cet usage dans le quotidien de leurs clients. Les GAB distributeurs de bitcoins semblent être la concrétisation physique des bitcoins tout en permettant d’assurer leurs traçabilités. Si certains annoncent la fin des automates, ces derniers ont de la ressource pour se renouveler. Il y a donc fort à parier que l’automate ait encore de grands jours devant lui… et certains pays frontaliers l’ont déjà bien compris !