Partout dans le monde, la dématérialisation des paiements progresse. Entre 2014 et 2015, le nombre mondial de transactions sans espèces était estimé à 433 milliards d’opérations.
Cette dynamique s’est intensifiée et devrait atteindre 577 milliards d’opérations en 2018 et 726 milliards d’opérations d’ici 2020.
Elle se nourrit des nombreuses innovations à l’œuvre dans le monde du paiement. Est-ce à penser que l’argent liquide ne sera bientôt plus visible que dans nos musées ?

Pionnier de la digitalisation des transactions dans son secteur, avec plus de 20 milliards € de transactions digitales gérées en 2017 et des centaines de milliers d’utilisateurs de paiement mobile, Edenred est à la fois un observateur attentif et un acteur concerné de ces transformations. Ces opportunités ouvertes par une économie digitalisée ne doivent pas faire oublier les défis qu’elle implique et l’effort d’accompagnement à fournir pour les surmonter.

Plutôt qu’une rupture, parlons donc de transition vers un monde sans cash dans laquelle les acteurs publics comme privés ont notamment un rôle important à définir et à jouer.

Une tendance mondiale à géométrie variable

Si la digitalisation des moyens de paiement concerne toutes les économies à travers le monde, celle-ci prend des contours différents selon les géographies.

En Europe, les pays nordiques ont pris de l’avance. Les Suédois sont de grands adeptes des nouveaux outils de paiements et n’utilisent plus les espèces que pour 15 % de leurs transactions (1% en valeur). A l’inverse, certains pays d’Europe continentale comme l’Allemagne demeurent très attachés au papier.

En France, la demande d’espèces a encore augmenté en 2017 mais les enjeux autour de la fin de la monnaie fiduciaire n’en restent pas moins stratégiques et d’actualité. Les Français utilisent ainsi la carte bancaire pour près de 30% des transactions et la prochaine grande révolution sera sans doute l’essor du paiement mobile.

En effet, 62% des consommateurs français ont déjà réglé leurs achats via leur smartphone dans l’Hexagone et plus de 40% d’entre eux se disent prêts à le (re)faire à l’avenir. Edenred a d’ailleurs été le premier acteur de son secteur à saisir ce potentiel en déployant une solution de paiement mobile avec Apple Pay en 2016.

Dans d’autres parties du monde, notamment en Asie, la fin du cash est déjà une réalité. Le paiement mobile est par exemple généralisé en Chine où plus de 77% de la population a déjà payé via smartphone grâce à des paiements par QR code dans des wallets. Simple, rapide et sécurisé, ce mode de transaction rend l’expérience d’achat plus agréable. Il est par ailleurs systématiquement accompagné d’une panoplie de services additionnels au point que le Smartphone se substitue au portefeuille des utilisateurs.

On note enfin que les pénétrations digitales les plus importantes et les plus rapides se sont effectuées dans des pays où les populations sont très jeunes et mieux équipées en smartphones comme au Brésil, qui a enregistré plus de 25 milliards d’opérations par mobile en 2017, soit une hausse de 85 % en un an. Aussi, l’arrivée de générations digitales natives sera certainement un facteur d’accélération de la transition vers un monde de transactions numériques.

Une dimension sociale à prendre en compte

Au-delà des aspects pratiques pour les consommateurs et les commerçants, la transition vers un monde sans cash constitue un véritable enjeu de société.

L’une des problématiques les plus importantes à cet égard est sans doute celle de l’inclusion financière, devenue cruciale aujourd’hui, en témoigne son inscription à l’agenda prioritaire de 55 banques centrales. 2 milliards de citoyens non-bancarisés dans le monde n’ont en effet pas encore accès à l’économie numérique.

Les solutions digitales de paiement, parce qu’elles correspondent aux usages avec des taux d’adoption très forts et de par leur faible coût de distribution pour les institutions publiques ou privées, permettent justement d’offrir un accès à l’économie numérique au plus grand nombre. Via la solution C3 aux Emirats Arabes Unis, Edenred permet ainsi à plus de 700 000 travailleurs non-bancarisés de recevoir leur paie sur une application mobile couplée à une carte et d’accéder à des services financiers dont ils étaient exclus auparavant.

Parmi les autres avantages d’un monde sans cash, on peut enfin citer la réduction du coût de détention lié à l’émission, au transport, à la sécurisation ou encore à la conversion des espèces, estimé entre 5 et 10% du volume en circulation. On pourrait évoquer aussi le coût pour les institutions publiques lié à l’économie souterraine.

Le coût du cash ne se limite d’ailleurs pas qu’à un aspect économique mais comprend également une dimension écologique. Une étude réalisée par Edenred avec le cabinet Haatch a par exemple démontré que le passage du programme Ticket Restaurant papier vers la carte permet d’économiser 86% des ressources tout au long du cycle de vie du produit.

La confiance dans un monde sans cash passe par la pédagogie

La transition vers un monde sans cash est un mouvement mondial dont il est intéressant de souligner la rapidité dans certaines régions en forte croissance économique et largement digitalisées comme l’Asie ou l’Afrique par rapport à d’autres plus matures économiquement comme l’Europe occidentale. Elle est porteuse de nouveaux services pour les commerçants et les consommateurs, ainsi que de formidables opportunités pour répondre à de grands enjeux de société tels que celui de l’inclusion financière.

Comme dans toute transition, un réel effort d’accompagnement des utilisateurs doit toutefois être fourni pour assurer la confiance dans un monde sans cash. Alors que le rythme des innovations dans notre secteur est extrêmement soutenu, les institutions publiques comme les acteurs privés ont un rôle essentiel à tenir.

Elie Du Pré De Saint Maur,
Directeur général Marketing et Stratégie, Edenred