Le Sénégal, 15 726 037 habitants (2018), 196 712 km². Dakar, sa capitale accueille un peu plus d’un million d’habitants (2011). Cette ville bouillonne, pas uniquement à cause de sa météo. De partout dans la ville, des immeubles sortent de terre. Autant de bureaux que de logements. À l’image de New York, elle ne dort jamais. Peu importe l’endroit auquel vous passerez, ou l’heure à laquelle vous passerez, vous trouverez forcément du monde. Dakar est une ville en développement constant où les vendeurs de fruits et légumes côtoient les ambassades. Où les vendeurs de cartes mobiles naviguent le long des grands axes. Où l’on vend du mobilier ou des moutons sur les trottoirs en pleine capitale. Où l’on dort dans une cabane de fortune à côté des hôtels de luxe. Difficile de ne pas constater ce mélange des genres, des couleurs, des niveaux de vie. L’alchimie qui compose Dakar semble parfaite. Comme si le changement d’un de ces aspects pouvait dérégler tous les autres. Cependant, en étant constamment aux contacts les uns des autres, à Dakar, tout le monde à sa chance.

En effet, presque tout le monde est entrepreneur. Cet esprit d’entreprendre est quasiment inné. Pour fuir le chômage et rapporter un revenu à leur foyer, nombreux sont ceux qui se lancent dans de petites opérations. Des cartes pour recharger son forfait mobile, des arachides, du café, du charbon, des sachets de plastique remplis d’eau, des fruits, des légumes, des moutons, des lunettes … Tout ce commerce qualifié d’informel est omniprésent dans la ville. Sont également à ajouter les milliers d’échoppes où l’on peut acheter au détail quelques grammes de riz, du poulet, ou des cigarettes. Ici, c’est un mode de vie bien loin de ce que l’on peut trouver en France, en Europe, ou partout dans le monde occidental où l’on trouve aisément une entreprise dans laquelle on peut passer sa vie, voire y faire carrière. À Dakar, entreprendre ou faire du commerce apparait comme une nécessité.

Dakar commerce informel

Un stand comme on en trouve partout dans Dakar. ©Valentin Blanchot / Siècle Digital.

Dans la continuité de cet esprit d’entreprise, il existe là-bas une communauté d’entrepreneurs du numérique. Ces startups répondent toutes à une problématique culturelle grâce aux nouvelles technologies ou des solutions digitales. Les usages et la maitrise des outils numériques sont bien loin de ce que l’on connait chez nous. Il faut donc adapter tous les aspects de son service pour des personnes qui parfois ne savent pas lire, pour d’autres n’ayant pas les mêmes instincts dans l’utilisation d’une application, ou tout simplement pour une culture qui n’est pas européenne. Tous ceux qui ont tenté d’imposer des solutions que l’on pourrait qualifier d’occidentales ont échoué, à l’image de Cdiscount il y a quelques mois. Ce vent d’entrepreneurs des technologies a démarré avec le CTIC, tout premier incubateur lancé en Afrique de l’Ouest et établi à Dakar en avril 2011. Depuis, l’écosystème évolue doucement mais sûrement. Les soutiens privés permettent de pallier aux lacunes gouvernementales. L’État perçoit encore les startups comme secondaires au développement du pays et peine adapter son spectre légal, ou créer des organismes.

Ici, à plus de 4 000 kilomètres, nous savons que l’Afrique est un formidable berceau d’innovation. Il nous fallait aller voir par nous-mêmes ce qu’il en était, et partir à la rencontre de ceux qui en sont le moteur ici à Dakar. Comprendre les enjeux du développement de leurs entreprises, l’histoire derrière leur création, leur impact sur la vie des entreprises ou des citoyens sénégalais, leur vision de l’entrepreneuriat à Dakar.

Voici donc l’épisode numéro zéro d’une courte série d’analyses sur le développement des innovations à Dakar. Ce premier épisode a pour but de vous présenter le contexte dans lequel se situe cette capitale sénégalaise avant de rentrer dans des thématiques précises. Au fil du temps, nous aborderons l’entrepreneuriat, le marketing, et les innovations. Entre les épisodes vous retrouverez sur Siècle Digital un focus sur chacune de nos rencontres avec des dakarois qui nous ont ouvert la porte de leur entreprise, de leur agence, ou de leur incubateur. Cet épisode zéro est également l’occasion pour moi de remercier chaleureusement Christophe Potron, sans qui toutes ces découvertes n’auraient été possibles. Bon voyage.