Spotify, la plateforme de streaming musical basée à Stockholm, aux 180 millions d’utilisateurs et 75 millions d’abonnés payants, est dans la tourmente. Nombreux sont ceux qui trouvent qu’elle ne rémunère pas assez bien les artistes dont elle diffuse les morceaux. De fait, les relations sont tendues avec les grandes maisons de disques, qui qualifient Spotify d’arrogant, peu fiable, méprisant leur travail et se plaignent également de la baisse de leurs ventes amorcée en 2000. Cependant, la plateforme aurait trouvé une parade pour dynamiser ses revenus, non sans risque.

Selon un rapport du New York Times, Spotify paie généralement des droits aux labels d’environ 52% du chiffre d’affaires généré chaque fois qu’un utilisateur écoute un titre. De ce qui reste, Spotify cède 15% à l’artiste et le reste va directement dans sa poche. Pour la plateforme, l’idée serait de soutenir directement des artistes et ainsi s’affranchir des 52% destinés aux labels, pour se les octroyer.

Pendant les dernières décennies, les maisons de disques étaient aussi nombreuses que les artistes. À présent, subsiste trois géants (le Big Three en anglais) qui gèrent 80% du marché : Universal, Sony et Warner. L’initiative de Spotify pourrait donc faire grincer. Ainsi, Amy Young, analyste média chez Macquarie, a déclaré au Times : « ils avancent avec précaution. Ils ne veulent pas que les Big Three les excluent de leur bibliothèque de contenu dans le but de signer des accords avec des artistes émergents à une marge plus importante. Ce n’est pas un compromis économique que vous voulez faire ».

Le Big Three n’est pas prêt de s’arrêter en si bon chemin dans sa gestion du marché et l’émergence des artistes. Ce qui profite également à Spotify pour attirer des utilisateurs vers sa plateforme. Les plus grands artistes – Kanye West, Taylor Swift, Beyoncé et consors – tiennent bel et bien les reines de l’empire Spotify.

En revanche, si les grands labels commencent à penser qu’ils perdent de leur superbe face aux artistes et labels indépendants, c’est bel est bien le créneau de Spotify, justement, qui ne veut pourtant pas être présenté comme un label. La plateforme a toutefois commencé à octroyer des licences à certains artistes directement, pour plusieurs centaines de millions de dollars. Cependant, le PDG de Spotify, Daniel Ek, a déclaré que la firme ne veut pas pour autant devenir un label puisque « le contenu des licences ne fait pas de nous un label, et nous n’avons aucun intérêt à devenir un label », lors d’une conférence téléphonique, avant d’ajouter : « nous ne détenons aucun droit sur de la musique, et nous n’agissons pas comme un label ».

Spotify est d’ailleurs sur le point d’entamer des discussions pour de nouveaux contrats avec les trois maisons de disques. Ces négociations devraient déterminer si la plateforme, entrée en bourse au mois d’avril, pourra enfin générer des bénéfices.

La croissance de Spotify constitue une menace pour l’industrie du disque sans qu’ils ne puisse se passer d’eux. Une liaison qui s’avère dangereuse pour les deux parties. Cependant, le streaming représente une valeur sûre pour les maisons de disque. Un terrain d’avenir qui les poussera peut-être à créer leur propre plateforme, à l’image de Disney face à Netflix.

« C’est une relation étrange parce que les maisons de disques veulent que Spotify réussisse, mais pas trop » a complété Amy Yong, « ça leur donne trop d’influence. »