À travers sa « salle de presse en ligne », Facebook a communiqué sur une récente action visant à empêcher l’influence orchestrée par le groupement de plusieurs pages, profils et comptes Instagram. Si l’objectif de ces pages semblait être de diviser l’opinion publique américaine sur des sujets sociétaux, les porte-parole du réseau social n’ont pas encore réussi à déterminer le ou les acteurs. Au-delà de l’information transmise, on remarque que Facebook a appris de ses erreurs en réponse à l’affaire Cambridge Analytica de mars dernier.

Reprenons tout d’abord depuis le début. Sur le site newsroom.fb.com, les responsables de la cybersécurité sur la plateforme sociale ont pris la parole pour informer la presse et les utilisateurs sur le fait qu’ils avaient mis un terme à 8 pages Facebook, 17 profils et 7 comptes Instagram. Le tout regroupant une communauté de 290 000 utilisateurs créée entre mars 2017 et juin 2018. La raison de ce bannissement ? L’observation de comportements non organiques (comprenez l’utilisation de bots entre autres pour gonfler une communauté) couplée à 150 campagnes de sponsorisation pour un montant de 11 000 dollars (US et Canadien) :

La question naturelle que l’on se pose est : comment savoir que les actions de ces pages, profils et comptes ont été dans un objectif d’influencer l’opinion publique ? Pour cela Facebook travaille sur les travaux universitaires pour dégager un « gabarit » d’attribution des méthodes de ce genre d’acteurs : les motivations politiques, la coordination ainsi que les outils, techniques et procédures employés pour atteindre leurs objectifs. Suite à cela, Facebook applique ce modèle à son réseau social. Ce qui lui permet aujourd’hui d’établir ces constats :
– aucune motivation politique n’a été détectée à l’heure actuelle derrière les actions,
– il existe bien des liens entre les différents comptes Instagram, pages et profils Facebook,
– plusieurs outils, techniques et procédures correspondent au modèle d’attribution universitaire.

Pour Facebook, il reste à déterminer si cette manœuvre d’influence a été orchestrée par une organisation privée ou par un état. Depuis les enquêtes et les rapports montrant que la Russie avait participé à diviser l’opinion publique à travers justement Facebook l’année dernière, la plateforme se veut prudente. Justement en communiquant de manière proactive sur ces faits avec des prises de paroles complémentaires (responsable de la cybersécurité, de la sécurité et le fondateur Mark Zuckerberg), Facebook espère sûrement se racheter une bonne conduite auprès des autorités et des médias. Depuis deux ans maintenant, Facebook subit une crise de confiance médiatique qui ne s’aperçoit pas auprès des utilisateurs.

Si on peut louer les services de sécurité de Facebook à identifier ce genre de comportements malveillants, il faut noter que la plateforme sociale joue également à un jeu dangereux en prenant l’uniforme de « policier des opinions ». Quelles sont les limites concrètes que s’est fixées Facebook ? Est-ce que l’État américain joue un rôle depuis l’ingérence russe et Cambridge Analytica ? Sans aller dans les théories du complot, ce sont des questions légitimes à se poser puisque cela concerne des milliards d’utilisateurs mélangés à des intérêts lucratifs.

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