Jason Gargac est un chauffeur Uber et Lyft aux États-Unis, dans la ville de Saint Louis. Il a déjà effectué plus de 700 courses depuis mars 2018. La particularité de ces dernières ? Elles étaient quasiment toutes filmées et retransmises en live sur Twitch, la plateforme de streaming de jeu vidéo. Bien entendu, Gargac n’a demandé aucune autorisation à ces passagers et ces derniers n’étaient donc pas au courant que plus de 4 000 personnes les observaient, critiquaient et commentaient leur trajet. Bien que les informations personnelles telles que les adresses ne soient pas apparues dans les vidéos, le nom complet d’une personne était parfois dévoilé.

Le chauffeur a expliqué avoir découvert cette tendance sur Twitch et a décidé de l’essayer lui-même. Il compte ainsi un peu plus de 4 000 abonnés à sa chaîne, dont certains paient au minimum 5 dollars par mois, pour s’abonner et le soutenir financièrement. Mais c’est l’un des seuls, si ce n’est dans le Missouri, à le faire sans demander le consentement des passagers. Plusieurs utilisateurs d’Uber ont d’ailleurs expliqué qu’ils ne seraient jamais montés à bord s’ils avaient su avoir été filmés.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cela n’a rien d’illégal. Jason Gargac a juste profité « des lois de consentement du Missouri », qui permettent l’enregistrement de conversation par un seul parti. Le chauffeur ne transgresse donc aucune loi sur le consentement du parti unique. L’État ne peut rien faire concernant l’autorisation des passagers. Cependant, Uber a expliqué à Engadget avoir coupé l’accès à l’application au chauffeur. Même si ses actions n’enfreignent pas la loi, les règles d’Uber sont strictes et interdisent « tout comportement inapproprié ou irrespectueux ». Un porte-parole de Twitch a souligné que les lignes directrices de la plateforme « empêchent quiconque de partager du contenu qui porte atteinte à la vie privée de quelqu’un d’autre ». Quant à la chaîne de Jason Gargac, « JustSmurf », elle a été suspendue.

Même si installer une caméra dans la voiture peut permettre à certains chauffeurs de se sentir en sécurité, cela pose question quant au respect de la vie privée des passagers. Dans certains cas, ces derniers parlent de sujets privés, qu’ils pensent partager avec une personne et non pas des milliers de viewers sur internet. Une affaire qui intervient peu de temps après qu’Uber ait annoncé renforcer le contrôle de ses chauffeurs.