Lors de son audition devant les sénateurs américains le 10 avril, Mark Zuckerberg n’a pas semblé comprendre que son entreprise évoluait dans une situation monopolistique. Les différentes questions des posées par les sénateurs ont également forcé le constat que durant 14 ans, Facebook a favorisé le partage des données de ses utilisateurs, plutôt que sa protection. La tempête que traverse le réseau social suite au scandale Cambridge Analytica, CubeYou, et certainement d’autres sociétés, va amorcer une transformation en profondeur des relations entre les géants de la technologie et les États-Unis. Parce que la seule conclusion possible aux deux auditions est qu’il faut réglementer Facebook et ses paires.

« Je ne veux pas voter pour réglementer Facebook, mais par Dieu, je le ferai, » avait lancé John Kennedy à Mark Zuckerberg pendant son audition. Ce sont d’ailleurs Amy Klobuchar et John Kennedy qui vont soumettre une législation pour la protection de la vie privée et des données des internautes.

Présentée sur le site de la sénatrice, cette proposition va s’articuler autour de plusieurs solutions pour les citoyens américains :
– donner aux consommateurs le droit de refuser et la conservation de leurs informations privées en désactivant le suivi et la collecte des données ;
– offrir aux utilisateurs un meilleur accès et un meilleur contrôle sur leurs données ;
– exiger que les modalités de service soient rédigées dans un langage clair et simple ;
– s’assurer que les utilisateurs ont la possibilité de voir quelles informations les concernant ont déjà été collectées et partagées ;
– exiger que les utilisateurs soient avisés d’une fuite de leurs données personnelles dans les 72 heures ;
– offrir des recours aux utilisateurs en cas de violation ;
– exiger que les plateformes en ligne disposent d’un programme de protection de la vie privée.

« Les consommateurs ont le droit de savoir si leurs renseignements personnels sont vendus et ils ont le droit de voir facilement quelles données ont déjà été vendues ou distribuées, » ajoute Amy Klobuchar sur son site.

Il est clair que ces propositions ne vont pas plaire à tout le monde, surtout qu’elles sont issues d’une initiative bipartisane. Si le congrès est uni pour faire appliquer ces idées-là, des géants comme Google ou Microsoft pourraient voir leur monétisation devenir plus complexe qu’avant. Ce sera également le cas pour des plateformes sociales comme Snapchat, Facebook, Twitter, LinkedIn, ou même Tinder.

La RGPD ne va pas s’étendre aux États-Unis, sauf avec la bonne volonté des plateformes. Il est donc important de saluer une telle initiative au pays de l’Oncle Sam. Reste à voir maintenant comment les lobbyistes vont mettre des bâtons dans les roues des membres du congrès favorables à ce projet de réglementation.