Quelques jours après l’annonce du premier partenariat d’open innovation d’EDF avec Matra, discret, mais pourtant symbolique des nouvelles structures d’organisation industrielle qui se mettent en place, on peut s’interroger sur la place de l’open innovation dans la stratégie des grands groupes.

Pour revenir sur les fondamentaux, EDF a lancé Proteus en mars dernier. Situé sur son site de R&D à Saclay, c’est un gigantesque atelier consacré au développement de services et de produits innovants. Les premiers résultats augurent un hyper-dynamisme et une forte productivité, en totalisant 5 brevets déposés par EDF en seulement 3 mois et en annonçant ce premier partenariat d’open innovation avec Matra, géant de la fabrication de composants électroniques. Ces deux géants, radicalement différents, vont chacun apporter leur expertise technique, ainsi que leurs compétences, pour avancer sur leurs projets communs.
Les projets sur lesquels ils collaborent sont notamment liés aux objets connectés et intelligents, soit des sujets clés liés à l’innovation, et particulièrement stratégiques pour EDF. On peut notamment évoquer sa volonté de sécuriser les usages nomades, qui s’ancre parfaitement dans le contexte actuel d’explosion des usages numérique des particuliers comme des entreprises.

Alors que les projets technologiques et ruptures technologiques fourmillent à l’atelier Proteus, on peut s’interroger sur les raisons qui poussent EDF, et les grands groupes plus généralement, à recourir à l’open innovation.

Pour réussir à se maintenir sur un marché toujours plus compétitif, les entreprises doivent identifier les nouveaux usages et besoins pour innover de plus en plus vite. En ayant recours à l’open innovation, elles gagnent en agilité, et capitalisent sur le savoir-faire de leurs partenaires.

De façon très concrète, cela leur permet d’accélérer la croissance de l’entreprise, en s’appuyant sur une expertise fiable, et de multiplier le champ des possibles en termes d’innovation. Exploiter les synergies de 2 entreprises permet de réinventer les métiers pour mieux répondre aux attentes et développer de nouvelles activités. Cela facilite également la conquête de nouveaux marchés, souvent en compléments des services de base par exemple. Les démarches d’open innovation des entreprises porteuses de projet leur permettent d’accéder à de nouvelles compétences et à de nouveaux profils, pour ainsi atteindre leurs objectifs.

Par ailleurs, au-delà des bénéfices court terme que l’open innovation apporte aux entreprises, cette approche leur permet de rester attentives à l’évolution de leur propre marché au sens large. En effet, pour trouver les bons partenaires, elles doivent sans cesse faire de la veille sur les nouveaux usages, les nouveaux acteurs, les opportunités, et par conséquent chacune des modifications, mineures comme majeures de leur environnement. Cet exercice renforce alors leur expertise ainsi que leur positionnement, et permet également d’identifier rapidement et façon constante de nouveaux leviers de croissance.

Notre sentiment est que ce type de collaboration va devenir de plus en plus fréquent, notamment entre grands groupes et start-up ou entreprises de tailles plus réduites. Dans le contexte actuel de guerre des talents et de l’explosion du mouvement de freelancisation, ce type de collaboration va prendre de l’importance, et il sera alors crucial pour les grands groupes de tisser des liens avec le bon réseau de compétences pour sortir vainqueur de la course à l’innovation.