Alors que Mark Zuckerberg va être auditionné devant la Chambre des représentants le 11 avril, Facebook poursuit son opération déminage. Le réseau social a annoncé vendredi dernier une nouvelle batterie de mesures pour fiabiliser et sécuriser sa plate-forme. Cette fois, ce sont les publicités politiques qui sont dans la ligne de mire.

« À partir de maintenant, chaque annonceur qui veut passer une annonce politique ou abordant un sujet important devra être vérifié. Pour être vérifiés, les annonceurs devront confirmer leur identité et leur localisation, » a ainsi indiqué Mark Zuckerberg sur sa page personnelle.

Mise en place aux États-Unis, cette mesure sera déployée au reste du monde dans les prochains mois. Dans un souci de transparence, Facebook va aussi permettre à chaque utilisateur de voir les publicités en cours d’une page. À terme, il sera même possible de consulter des archives des publicités politiques passées. Enfin, un signalement des messages à caractère politique et de leurs financeurs sera ajouté sur la plate-forme.

Difficile de ne pas voir dans cette annonce une réponse à l’ingérence russe dans la dernière campagne présidentielle américaine. Facebook avait reconnu en octobre dernier que 126 millions d’Américains avaient été exposés à des contenus liés aux autorités russes. Mardi dernier, la firme de Menlo Park avait d’ailleurs supprimé plusieurs centaines de comptes russes douteux.

Même punition pour les responsables des pages aux nombreux abonnés … Ces mesures de vérification vont également s’appliquer aux personnes qui gèrent des pages ayant beaucoup d’abonnés. « Ce sera bien plus difficile de gérer des pages avec de faux comptes, ou de propager de fausses informations, » assure Mark Zuckerberg.

Ce dernier ajoute que pour mener ce travail de contrôle, des milliers de personnes vont être recrutées, d’ici les élections américaines de mi-mandat, en novembre prochain.

Regagner la confiance et donner des gages aux régulateurs

Facebook multiplie les annonces depuis ces derniers jours, à la suite de l’affaire Cambridge Analytica (retrouver ici notre dossier pour tout comprendre sur la plus grande crise de l’histoire de Facebook) : facilitation de la suppression des données personnelles ou des applications de son compte, limitation des données exploitables par les annonceurs, excuses publiques répétées.

Il faut dire que l’heure est grave. Déjà dans le collimateur des régulateurs des deux côtés de l’Atlantique, le réseau social a vu sa valeur boursière s’effondrer de plus de 15% depuis la révélation du vol de données de plus de 87 millions d’utilisateurs.

Jeudi soir, c’est la numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, qui a donné une série d’interviews à des médias américains, répétant « ne pas avoir fait assez pour protéger les données«  et avoir pêché par “idéalisme” en sous-estimant les mauvais usages possibles du réseau.

Elle a tout de même rappelé qu’il n’était pas question de changer le modèle d’affaires du réseau social, basé sur les publicités ciblées. “Sinon, nous devrions rendre le produit payant”, a-t-elle justifiée.