Selon IPSOS, les enfants français âgés de 1 à 6 ans passaient en moyenne 4h37 sur internet par semaine en 2017, ce chiffre s’élève à 6h10 pour les 7-12 ans, et va jusqu’à 15h11 pour les 13-19 ans. Des résultats qui peuvent faire frémir quand on connait les dangers existants en ligne. Alors que l’Institut d’Education Médicale et de Prévention lance une campagne pour le bon usage des écrans, il convient de rappeler que la cybersécurité concerne l’ensemble des internautes, quel que soit leur âge.

Les occasions d’offrir un nouveau téléphone, ordinateur, ou autre objet connecté aux enfants sont multiples : Noël, anniversaires, rentrée des classes… Les plus jeunes adoptent facilement ces appareils intelligents et sont rapidement capables de les utiliser seuls. Pour cette génération qui a grandi avec internet et qui est entourée d’objets innovants, la technologie est aussi logique qu’intuitive. Ses membres configurent en effet aisément un terminal, se créent un compte sur un site ou logiciel, mémorisent le mot de passe du Wi-Fi de leur logement et des appareils de la famille. Seulement, cette aisance ne s’accompagne pas toujours des comportements adéquats.

Un autre pan de l’éducation

Si nos têtes blondes sont sensibilisées au quotidien à la sécurité routière, au fait de ne pas parler à des inconnus ou encore à la nutrition, qu’en est-il de la cybersécurité ? La majorité a sûrement entendu le terme « hacker » ou « cyberattaque », et « sait » qu’il ne faut pas partager ses mots de passe, mais beaucoup de bonnes pratiques ne sont pas acquises pour autant. Les parents ont pour cela un rôle indispensable à jouer en guidant leurs enfants et en établissant des règles pour surveiller leur activité en ligne. Finalement, comme pour tous les autres sujets, ils doivent transmettre assez d’informations à leurs progénitures, pour que ces derniers prennent des décisions éclairées en toute connaissance de cause. Des articles de presse ou des études sont régulièrement publiés sur les bonnes pratiques à adopter sur internet et comment les partager avec les plus jeunes. Seulement, beaucoup d’adultes ne comprennent pas leur importance, souvent parce qu’ils ne les ont pas adoptées eux-mêmes. Difficile donc pour les enfants de savoir quels comportements adopter en ligne. Pourtant, s’il est sensibilisé suffisamment tôt, il y a de fortes chances qu’un jeune internaute, une fois adulte, garde ces bons gestes. Il existe ainsi trois grandes notions que les enfants peuvent facilement appréhender et inclure dans leurs habitudes.

La vie privée

Aujourd’hui, le quotidien des enfants est documenté, dès leur plus jeune âge, d’une manière sans précédent. Les albums photos papier, réservés à la sphère privée, ont fait place aux réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram ou encore Snapchat. Ils génèrent ainsi un volume très élevé d’informations disponibles en ligne. La raison ? Une génération de parents habituée à partager chaque étape importante de sa vie à l’aide de photos, de vidéos ou d’anecdotes personnelle, et qui intègrent leurs enfants dans ces publications.

Or, chaque information partagée est un détail utile pour une personne malveillante. Il lui suffit d’attendre patiemment d’accumuler assez d’information pour perpétrer son méfait. Dans ce contexte de « sur-communication personnelle », il est indispensable d’expliquer le concept et la valeur de la vie privée aux plus jeunes. Les enfants et adolescents, suivant l’exemple de leurs parents, partagent aussi fréquemment des images, leurs expériences, ou encore leurs sentiments. Ils doivent donc en considérer les conséquences sur la durée. En effet, leur profil numérique se construit au fil du temps avec chaque action. Il faut les encourager à réfléchir sur ce qu’ils ne devraient pas publier, y compris des images inappropriées et des messages potentiellement offensants ; des parallèles simples avec la vie réelle peuvent aider cette éducation. On n’irait en effet pas afficher une photo de nous, ou de nos enfants, sur un mur dans la rue, pourquoi alors la poster sur un réseau social ? Il en est de même pour les propos injurieux. Si le commentaire d’un inconnu déplait sur Twitter, il est facile de le commenter, or si on entend une conversation personnelle dans un lieu public, la bienséance implique de ne pas s’en mêler sans avoir été invité. Des valeurs que nous transmettons naturellement à nos enfants dès leur plus jeune âge dans la vie réelle. L’objectif n’est pas de dénigrer les réseaux sociaux, mais d’inculquer aux enfants que les valeurs « hors ligne » doivent être aussi appliquées sur internet. Il est important en outre de leur rappeler que toute information est publique, car il n’y a pas de secrets en ligne ; absolument tout ce qui a été posté laisse une trace numérique et peut être trouvé et récupéré, même des années plus tard, par des personnes malveillantes.

« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »

Pour Nicolas Boileau, « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement ». Il s’agit d’une réalité pour toute personne mais particulièrement pour un jeune enfant qui prend souvent les choses de manière simple et au premier degré. Pour les aider à comprendre les enjeux de sécurité, une approche ludique peut se révéler à la fois pédagogique, utile et efficace : par exemple, un exercice de jeu de rôle dans lequel on leur demande de penser comme un cybercriminel peut les aider à comprendre les conséquences de l’absence de cybersécurité ; alternativement, les parents peuvent s’appuyer sur le parallèle avec les cambrioleurs et la maison.

Les internautes, tout âge confondu, ont en effet aujourd’hui accès à des outils puissants et sophistiqués, disponibles en ligne gratuitement, et capables de causer beaucoup de dommages, si utilisés de manière inappropriée ; ils peuvent aussi bien soutenir des projets brillants, que répandre des malwares ou compromettre des sites web. C’est pourquoi les enfants, qui ont souvent besoin de s’identifier à des modèles proches de leur univers, peuvent s’inspirer de leurs superhéros préférés quant à leur utilisation, à l’instar de Spiderman. Parce qu’ « un grand pouvoir implique [en effet] de grandes responsabilités », l’enfant, qui se sent alors investi d’une mission, sera probablement plus vigilant.

« Le savoir est porteur de responsabilité »

Un ordinateur portable avec une connexion internet procure donc beaucoup de pouvoir à un individu. Il peut être utilisé pour des projets bienveillants, ou non. La responsabilité est par conséquent un concept fondamental, presque une philosophie, lors de la navigation en ligne. L’objectif est d’enseigner aux enfants les options qui s’offrent à eux dans n’importe quelle situation donnée ; de les encourager à poser des questions pour mieux comprendre les conséquences de leurs actions et les interactions possibles en ligne. Il est en effet indispensable de leur rappeler de ne jamais avoir une confiance absolue sur internet, puisqu’on n’est jamais sûr de qui se cache derrière un écran. Ne pas parler aux inconnus dans la rue s’applique en effet au web.

Les adolescents doivent prendre plusieurs heures de leçons avant de commencer la conduite accompagnée. Cependant, nous partageons la technologie et les appareils innovants avec des enfants, de plus en plus jeunes, sans nécessairement l’accompagner de conseils ou de règles à suivre. Les risques induits sont pourtant aussi grands. Il est donc nécessaire de se pencher plus attentivement sur l’éducation numérique afin d’inculquer les bonnes pratiques le plus tôt possible, pour que les enfants d’aujourd’hui soient les internautes avertis de demain !