Jusqu’au bout, Spotify cultive sa singularité. Quelques jours après avoir annoncé son entrée en bourse de manière « directe », une forme inhabituelle d’introduction, le leader du streaming musical a tenu un « roadshow » public diffusé en direct sur Internet (et librement consultable ici). Habituellement, ces rendez-vous dédiés aux investisseurs institutionnels se déroulent plutôt dans l’ombre. Mais Spotify a décidé ici de s’adresser directement aux particuliers.

T-shirt blanc et baskets aux pieds, Daniel Ek, le fondateur et Directeur Général de la plateforme suédoise, a indiqué que son entreprise allait être cotée à Wall Street à partir du 3 avril prochain. Ne comptez pourtant pas sur lui pour aller sonner la cloche, la célèbre tradition lors d’une introduction boursière.

« Comme Spotify n’émet aucune action à l’occasion de son introduction en Bourse, nous sommes entièrement focalisés sur la performance à long terme de l’entreprise », lance-t-il. La plateforme basée à Stockholm dispose en effet d’une confortable trésorerie de 1,5 milliard d’euros et n’a donc pas besoin de lever des fonds.

71 millions d’abonnés payants… contre 38 millions pour Apple Music

Avec cette cotation directe, Spotify permet à ses investisseurs actuels, dont ses salariés, de céder leurs actions sans avoir recours aux banques d’investissement – et à leurs juteuses commissions. Une procédure que l’entreprise juge également « plus transparente et plus accessible à un large éventail d’investisseurs ».

Pour séduire ces derniers, la startup, créée il y a 12 ans, en a profité pour refaire un point sur ses chiffres. Elle compte 159 millions d’utilisateurs actifs par mois dans 65 pays dont 71 millions d’abonnés payants. À titre de comparaison, Apple Music affiche 38 millions d’abonnés payants… sachant que le service n’a été lancé que 3 ans auparavant, en juin 2015 !

Spotify révèle également que son taux de désabonnement mensuel recule progressivement pour atteindre aujourd’hui les 5 %. Enfin, même si son chiffre d’affaires progresse, de 2,95 milliards d’euros en 2016 à 4,09 Mds en 2017, ses pertes se creusent également sur la même période. De 539 millions, elles ont atteint 1,2 milliard d’euros. Mais, malgré l’introduction en bourse, le géant suédois a rappelé que la priorité n’était pas sa marge mais la croissance de ses utilisateurs.

Des défis de taille à relever

Il faut dire que la plateforme musicale aux 3 500 employés n’a pas caché aux investisseurs les divers risques auxquels elle est confrontée. Tout d’abord, elle concède « d’importantes faiblesses dans ses contrôles internes », en visant notamment les redevances payées aux artistes et éditeurs – les gros labels représentant la grande majorité des écoutes.

Par ailleurs, Spotify est positionné sur un marché investi massivement par les GAFA. Après Apple et Amazon, c’est Google par le biais de YouTube qui est sorti du bois. Ces concurrents ont l’avantage de disposer de leur propre environnement ou matériel pour leur service. D’où la possibilité pour Spotify de lancer sa propre enceinte.

Dans tous les cas, le leader du streaming musical multiplie les innovations (Line-In, assistant vocal…) tout en faisant le ménage dans sa base pour que tout se passe au mieux le 3 avril prochain.

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