Dans un monde où les fake news et les faits alternatifs se développent, les individus veulent déchirer les voiles qui cachent la réalité et mettre un terme à l’opacité qui règne sur les marchés et sur certains faits de société. La puissance du réseau et des communautés permet aujourd’hui de dénicher, d’analyser et d’enquêter sur les mensonges et les non-dits. La transparence et les valeurs qui l’accompagnent sont plus que jamais une posture, voire même un état d’esprit, que les organisations et les individus doivent poursuivre. Dans cet article, petit retour sur les actualités qui ont marqué le monde de la technologie, du web et de la communication et qui démontrent la nécessité d’une plus grande responsabilité de la part des organisations et le besoin de progresser vers une plus grande transparence.

Facebook annonce (enfin) la vérité

Dernièrement, le géant Facebook a annoncé une modification dans le calcul des statistiques des pages. Après des années de reportings et d’analyses menés par les professionnels des réseaux sociaux, nous découvrons que Facebook, nous a tous dupés… En effet, le reach ou la portée organique annoncée n’était pas “réelle”. Ce qui veut dire, qu’en clair, les pages et leurs publications, touchent bien moins de monde que prévu… C’est une information lourde de conséquence quand on sait que Facebook, dans le même temps, a annoncé d’excellents résultats, avec un chiffre d’affaires en hausse de 47 % à 40,65 milliards de dollars.

Le combat contre les fakes news est lancé

Google et Facebook sont poussés à se battre contre les fakes news. Ces derniers mois, les deux groupes ont annoncé des dispositifs concernant cette lutte. Mais malgré cela, le 2e plus gros annonceur du monde, Unilever, tape du poing sur la table.

En effet, le groupe ne veut plus être associé à des informations négatives présentes sur Facebook ou Google. Les géants doivent faire le ménage sur leur plateforme, clarifier leur procédure et améliorer leur dispositif de surveillance.

La publicité en ligne n’a qu’à bien se tenir

Cette action de Unilever n’est pas sans rappeler les annonces de son concurrent, Procter & Gamble, premier annonceur mondial, qui a demandé au monde de la publicité en ligne et aux agences médias, plus de transparence sur les véritables performances. P&G avait d’ailleurs réduit ses investissements dans la publicité en ligne sans pour autant perdre de l’argent (son CA avait même augmenté sur la période). Pour survivre, le marché de la publicité en ligne doit faire sa mue et se battre (réellement) contre les fausses vues, les faux avis, les faux abonnés et toutes les pratiques douteuses de ce milieu.

Les créateurs de la Silicon Valley dénoncent leurs créations

Du côté, de la Silicon Valley, certains des pères fondateurs et des architectes des services des GAFA, décident de dénoncer les dangers de leurs créations. Je pense notamment au désormais connu et reconnu, Tristan Harris, ancien de chez Google, qui a mis en lumière les techniques des géants de la Silicon Valley pour capter notre attention. En effet, l’ancien “philosophe produit” de chez Google s’est lancé dans une campagne de dénonciation des techniques qui allient la psychologie et le design, et qui veulent que nous passions toujours plus de temps sur les interfaces des géants du web : les notifications, les éléments d’UX, le wording, l’onboarding… tout est pensé pour que nous restions longtemps et sagement sur Facebook, Gmail et consorts.

Dernièrement, Chamath Palihapitiya, qui a occupé pendant plusieurs années le poste de vice-président en charge de la croissance de l’audience chez Facebook, a d’ailleurs annoncé dans une interview que certains services web sont « des outils qui déchirent le tissu social ».

Ces personnalités de la tech n’hésitent pas à dénoncer et à montrer l’envers du décor de nos services web préférés. Du coup, est-ce qu’il faut remettre de l’éthique dans la tech ? Faut-il expliquer toutes les techniques de Nudge derrière les applications et les sites que nous utilisons quotidiennement ? Difficile, quand on sait que l’attention est le nerf de la guerre comme le disait très bien Arnaud Verchère dans son billet d’humeur sur le marketing et les services web.

Les lanceurs d’alerte sont sur le coup

À l’heure du Fact checking, les marques sont rapidement rattrapées par des lanceurs d’alerte. En résumé, si vous ne choisissez pas la transparence, elle vient à vous. L’exemple le plus parlant est celui d’Apple, qui a dû s’excuser sur les performances et l’obsolescence programmée de ses batteries. Un des premiers méa-culpa de la marque à la pomme.

Ces derniers mois, dans un tout autre registre, nous avons également connu une libération de la parole autour des agressions sexuelles et des viols subis par de nombreuses femmes, dans des nombreux milieux. Tout a commencé avec les lanceurs d’alerte de l’affaire Weinstein et ensuite grâce aux réactions sociales tel que #Metoo et #balancetonporc. Ces phénomènes sociaux sont des signes clairs que nous devons tous prôner la transparence et également que nous ne pouvons plus fermer les yeux sur ce fait de société. Ce sujet mérite bien évidemment bien plus qu’un paragraphe et je préfère laisser la parole à des experts sur cette thématique.

La Blockchain à la rescousse

D’un autre côté et d’une façon plus globale, le développement de la blockchain doit aussi permettre une plus grande fluidité et transparence dans les échanges entre les individus, les entreprises et les différents agents économiques. En effet, la désintermédiation et la validation par le réseau, va permettre de remettre à plat le fonctionnement opaque de certains marchés enfin d’avoir une meilleure répartition de la valeur entre les acteurs. Les crypto-monnaies et les ICOs deviennent un sujet à la mode, mais au-delà des enjeux financiers, il faut également regarder du côté d’un « futur décentralisé » grâce à la blockchain. Pour en savoir plus, sur ces sujets, je vous invite à lire les articles de Sébastien Bourguignon.

La transparence comme avantage concurrentiel

La transparence, la responsabilité et la fin de l’opacité sont des tendances globales qui vont nous permettre d’améliorer les produits, les services mais également les interactions et les relations entre les individus et les organisations. D’un point de vue business, la transparence peut-être également un véritable avantage : la startup Buffer, éditeur de solution marketing pour le social media, en a d’ailleurs fait l’un de ses crédos ! En effet, plusieurs dispositifs et initiatives de l’entreprise vont dans ce sens : l’annonce de la répartition des bénéfices dans l’organisation, une grille salariale transparente et publique, etc.

Aperçu du "Buffer's Transparent Salary Calculator"

Aperçu du « Buffer’s Transparent Salary Calculator »

Même les interfaces sont transparentes

Pour finir sur une note plus légère, la transparence est aussi une nouvelle tendance des interfaces graphiques. En effet, nos lecteurs vidéos, nos écrans, nos applications sont de plus en plus remplis par des informations et des fonctionnalités connexes qui nous permettent d’utiliser et de vivre pleinement l’expérience et le contenu. C’est ce que l’on appelle la transparence des méta-informations, comme le disait Gregori Vincens dans un article sur les tendances du graphisme. Cette transparence des méta-informations peut se définir comme une “fenêtre à travers laquelle nous regardons nos contenus” et sur laquelle est inscrit  « discrètement (ou pas) de plus en plus de nouvelles données, écrites ou pictographiées. Likes, cœurs, commentaires, sur-impressions typo, filtres, données de géolocalisation, titres, sous-titres… Des méta-données qui participent tout autant à la compréhension du contenu, que le contenu lui-même. »

Mais est-ce que la transparence totale et complète est une bonne chose ? Imaginez un monde ou toutes les informations des individus seraient accessibles et publiques. Un big brother géant dans les mains de tous. C’est une partie de la réflexion du livre de science-fiction technologique, adapté au cinéma, The CIRCLE. C’est également une partie du sujet du livre « Mortelle transparence », de Denis Olivennes et Mathias Chichportich, qui se demandent jusqu’où ira la dictature de la vertue ?