C’est à travers plusieurs échanges avec des professionnels du marketing, avec des social media managers ainsi que des étudiants parmi mes interventions que j’ai remarqué que le terme et la notion liés aux algorithmes n’étaient pas toujours compris ou appréhender. Moi-même, j’ai mis du temps à cerner ce sujet qui nous concerne tous. Que nous soyons utilisateurs, consommateurs de services comme les moteurs de recherche, les applications de streaming audio, les vidéos à la demande, ou encore les applications de rencontre. D’où cet article « guide » pour vulgariser au mieux la notion sans chercher à expliquer scientifiquement. Je laisse ça à d’autres spécialistes qui seront beaucoup plus compétents.

Qu’est-ce qu’un algorithme ?

Commençons par le b.a-ba avec une définition pragmatique du terme algorithme en se basant sur le dictionnaire Larousse. Voici ce que les Sages en disent :

Un ensemble de règles opératoires dont l’application permet de résoudre un problème énoncé au moyen d’un nombre fini d’opérations. […] – Définition extraite du dictionnaire Larousse.

Les termes « règles opératoires », « problème énoncé » et « nombre fini d’opérations » sont extrêmement importants à saisir pour comprendre cette notion. Un algorithme sert à résoudre une problématique donnée. Pour cela, il faut définir et additionner des critères qui permettront d’obtenir un résultat répondant justement à cette problématique. Pour illustrer cette définition et mes propos, basons-nous sur un exemple bien connu avec « l’omniprésence des algorithmes dans … la cuisine » avec la cuisson des pâtes :
– notre problématique : comment cuire des pâtes ?
– le résultat souhaité : une cuisson parfaite des pâtes.
– les règles opératoires : remplir une casserole d’eau, allumer la plaque de cuisson, saler (ou non) l’eau, porter celle-ci à ébullition, baisser le feu, mettre les pâtes dans l’eau, laisser cuire, égoutter les pâtes.

Bravo, nous venons d’élaborer notre premier algorithme de cuisson des pâtes en additionnant chacune des règles évoquées juste au-dessous ! Si cela parait simpliste (et ça l’est), c’est un excellent moyen de comprendre ce qu’est un algorithme. Sans se tirer les cheveux en cherchant des formules mathématiques que l’on ne comprendrait même pas…

Cependant, j’ai omis (volontairement) une partie de la définition d’un algorithme extraite du Larousse. Cette dernière se termine par :

[…] Un algorithme peut être traduit par un langage de programmation, en un programme exécutable par un ordinateur. – Définition extraite du dictionnaire Larousse.

C’est là que la notion de technologie et plus précisément d’informatique entre en action. Si l’élaboration d’un algorithme peut être aussi simpliste que la cuisson des pâtes, pour résoudre d’autres problématiques, l’Homme a besoin des machines pour résoudre des calculs très rapidement tout en éliminant les risques d’erreurs propres à l’Homme. Il faut rappeler que les ordinateurs ont justement été développés pour cela.

Qui utilise les algorithmes ?

Maintenant que nous avons défini cette notion et après une illustration dans le domaine de la cuisine, intéressons-nous aux sociétés et les domaines utilisant un algorithme comme cœur du système permettant à ces derniers de fonctionner aujourd’hui comme nous les connaissons. On pense alors aux marchés financiers où les valeurs sont achetées et vendues automatiquement par les machines. Dans le domaine de la santé, on en retrouve de plus en plus pour développer de nouvelles compétences comme la détection plus précise de cancers. C’est également le cas dans le secteur du service avec des entreprises qui ont développé des applications ou des outils web.

Google : son algorithme a permis à la société d’asseoir sa suprématie sur le marché des moteurs de recherche dont certains (n’existant plus aujourd’hui) se partageaient la place comme Yahoo, Ask ou encore Lycos … sans oublier Bing (de Microsoft).

Netflix : le service populaire de vidéo à la demande américain utilise également un algorithme pour personnaliser les mises en avant des séries et des films selon chaque profil. Il va même jusqu’à personnaliser la vignette d’illustration des contenus.

Amazon : à ses débuts, le géant du e-commerce était décrié, mais, entre autres, grâce à son algorithme permettant d’affiner le cross-selling, la société a su fidéliser et augmenter le montant des paniers moyens.

Spotify : plus qu’une simple bibliothèque audio (comme le faisait iTunes d’Apple avant Apple Music), le service suédois a su conquérir des parts de marché grâce aux découvertes musicales en fonction des goûts des utilisateurs tout comme les tendances naissantes.

Tinder : les applications et services de rencontre ne font pas exception. Le hasard n’existe pas sur Tinder. Leur algorithme définit un score de « désirabilité » selon les photos, les centres d’intérêt et votre côte en fonction des swipes à gauche ou à droite…

Facebook : souvent le plus cité, car également le plus « craint » par les social media managers tout comme les médias, l’algorithme EdgeRank de Facebook a pour objectif de résoudre une problématique : comment capter un maximum de temps sur la plateformes auprès des mes utilisateurs ? Et au vu des études, son algorithme fonctionne très bien.

Cette liste est non-exhaustive, mais ces acteurs sont connus par la majorité des individus dans les pays occidentaux. Parmi ceux-ci plusieurs figurent dans le top 10 des sociétés dont la marque est valorisée à plusieurs milliards de dollars sur les marchés.

Quels impacts sur l’information et quelles en sont les raisons ?

Venons-en, à présent, aux impacts sur l’information véhiculée par les algorithmes ainsi que les raisons marketing et commerciales de leur développement. Tout d’abord, les algorithmes sont très souvent décriés pour leur création indirecte de ce qu’on appelle la « bulle de filtres« . Ce terme présenté par Eli Parisier, un militant Internet dénonçant les dérives et l’utisation des cookies sur les sites, et aujourd’hui les algorithmes. La bulle de filtres est présentée par Eli Parisier comme le « paradoxe d’Internet ». En effet, Internet est présenté (et à raison) comme un outil permettant de démocratiser la culture et les connaissances au plus grand nombre. Cet accès n’est plus lié à un territoire (en théorie). Par exemple, n’importe qui peut trouver et lire l’œuvre d’Alexandre Dumas « Les Trois Mousquetaires » sur le web. Cependant, le phénomène de bulle de filtres cloisonne l’internaute dans une sphère où l’information est axée autour de ses centres d’intérêt, de son réseau, ou encore de sa géolocalisation (et bien d’autres facteurs).

Enfin, quelles sont les raisons ? Prenons l’exemple concret et réel du réseau social Facebook. La plateforme se veut être un outil permettant à n’importe quel utilisateur de communiquer avec son réseau (amis, famille, connaissances professionnelles) et de s’informer. Son algorithme a pour objectif, évoqué plus haut, de capter un maximum de temps sur la plateforme auprès de mes utilisateurs. Les règles opératoires, c’est-à-dire les critères entrant en compte dans le calcul, permettent aux utilisateurs d’avoir des publications dites « pertinentes ». Tout cela pour capter son attention et créer de l’engagement. Or, ces deux éléments prennent du temps à l’utilisateur. Et comme le dit l’adage : « le temps, c’est de l’argent« . Facebook commercialise non pas des espaces publicitaires (via les différents formats), mais du temps aux annonceurs ! La vidéo, le carrousel, ou les évènements ne sont que des formats et des produits issus de son catalogue. Il faut rappeler que Facebook, en 2017, a généré plus de 39 milliards de dollars de revenus grâce à la publicité. Faisant de lui, le deuxième plus gros acteur du marché derrière Google.

Sources : Larousse / TedX / Blogs officiels des plateformes mentionnées.