Le Bitcoin fait parler de lui depuis plusieurs mois mais plus particulièrement ces dernières semaines pendant lesquelles son prix a atteint des sommets jamais atteints avant, au moment de l’écriture de cet article, un bitcoin vaut plus de 16 800$ sachant qu’il a déjà dépassé à plusieurs reprises les 17 000$ et que certains projettent un bitcoin à 25 000$ avant la fin de l’année. Les médias se sont mis à en parler d’un seul coup en France alors que cela faisait des mois qu’ils ne s’y intéressaient pas. On voit ainsi de plus en plus de personnes et institutions prendre des positions très tranchées sur sa valeur, son utilisation, son intérêt économique ou encore technologique. Alors faut-il aimer Bitcoin ou le détester ?
Revenons rapidement sur son histoire
Pour rappel, Bitcoin a été créé en 2008 au moment même où le système financier international était secoué par la crise des subprimes. Un individu dont on ne connait que le nom, Satochi Nakamoto, on pense même qu’il s’agit plus d’un groupe de développeurs, a publié un document fondateur, un white paper, décrivant précisément une technologie permettant d’échanger de la valeur sans organe de contrôle et de manière totalement décentralisée avec un niveau de sécurité maximum. Bitcoin était né au moins sur le papier, puis début 2009 les premiers nœuds du réseau ont été installés et le premier bloc, qu’on appelle le bloc genesis, a été créé sur la blockchain, la fameuse technologie sous-jacente de cette crypto-monnaie. Pour en savoir plus, regardez l’excellent documentaire disponible sur Netflix « Banking on Bitcoin » qui vous permettra de vous faire une idée encore plus précise concernant la mère de toutes les crypto-monnaies.
Lorsque Bitcoin a été créé, l’ambition était de pouvoir se passer totalement des systèmes bancaires et étatiques en place qui avaient complètement pervertis l’économie mondiale en permettant de créer des produits financiers « toxiques » responsables de la crise dont nous ne sommes encore aujourd’hui pas complètement sortis. À cette même période, la banque Lehman Brothers mettait la clé sous la porte avec des milliers de salariés se retrouvant sur le carreau, la Société Générale perdait des milliards avec l’affaire Kerviel et subissait de plein fouet la crise des subprimes. Et en même temps, des organismes financiers qui avaient senti le vent tourner ont fait des paris à la baisse sur les marchés leur permettant de gagner des sommes colossales sur le dos des épargnants qui avaient fait confiance à leur banquier pour acheter ces produits néfastes. Sur ce dernier point, je vous invite à regarder le film « The Big Short » qui décrit parfaitement le sujet.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
Quelles sont les positions qui s’opposent ?
Commençons par les pros Bitcoin, parmi eux on trouve différentes catégories d’adeptes :
- Vous avez tout d’abord les libertariens qui défendent une société totalement libérale dans laquelle l’état n’a qu’un devoir qui est de protéger les individus afin qu’ils puissent exercer leur droit de propriété sur eux-mêmes ainsi que sur les biens qu’ils ont légitimement acquis, pour le reste c’est la loi du plus fort
- Vous avez ensuite les bitcoiners de la première heure, ceux qui ont adopté Bitcoin avant tout le monde, qui en ont acheté, qui en ont miné des blocs dans leur garage, qui sont convaincus de la technologie blockchain et qui militent pour une économie
- Sont présents malheureusement les mafias et cybercriminels qui ont trouvé dans Bitcoin un moyen d’escroquer des gens (ransomware) ou tout simplement de blanchir leur argent sale gagné dans les secteurs de la drogue, de la prostitution, des ventes d’armes et de la cyber anrnaque
- On trouve aussi des personnes et entreprises qui se sont d’abord intéressées à la blockchain avant de s’intéresser aux enjeux économiques et financiers de Bitcoin
- Et depuis peu nous voyons arriver les spéculateurs et des spécialistes de la finance traditionnelle (traders, fonds d’investissement, fonds spéculatifs, néobanques…) qui ont compris qu’ils disposaient d’un outil magique leur permettant de faire des gains considérables en un rien de temps
- Enfin, les derniers arrivés sont les personnes physiques, vous, moi, vos amis ou vos voisins, bref à peu près tout le monde qui a entendu parler récemment de ces crypto-monnaies et qui se disent dans une période où les taux d’intérêts sont très faibles qu’il vaut peut-être mieux acheter un peu de bitcoins plutôt que de conserver son argent sur un PEL ou un livret A
Tous ces individus, entreprises, organisations voient toutes midi à leur porte et ont identifié des opportunités dans l’utilisation des crypto-monnaies comme un moyen de paiement, un moyen de spéculation ou un moyen de blanchiment d’argent. Tous n’y voient que du positif et pour beaucoup sont des fervents défenseurs de Bitcoin et de toutes les crypto-monnaies.
Et puis en face vous trouver les antis, tous ceux que l’on retrouve principalement dans les catégories suivantes :
- Les institutions financières traditionnelles comme les banques qui pour certaines sont centenaires et commencent à comprendre que la blockchain et Bitcoin en particulier permettent de se passer totalement d’une grande partie de leurs services, elles ont finalement vu émerger leur Uber sectoriel
- Les experts de la vieille économie notamment les prix Nobel et les chercheurs dans ce secteur qui, par leur savoir et leur capacité à analyser l’histoire passée, prédisent un écroulement du système Bitcoin à court terme entraînant dans leur sillage des charrettes de personnes mal informées qui auront mis toutes leurs économies dans les crypto-monnaies, ils vous parleront de la veuve de Carpentras (la pauvre, elle qui a déjà tellement souffert)
- Et forcément les états ainsi que leurs régulateurs qui perdent totalement le contrôle sur le pilotage économique et financier de ce nouvel outil, et qui vont chercher avant toute chose à tenter de cadrer, légiférer, règlementer et surtout fiscaliser tout cela pour ne pas perdre une miette du nouveau gâteau digital en cours de formation
Tous ne voient finalement dans Bitcoin que des menaces, par rapport à leur business, leur financement ou aux petits épargnants. Tous ont intégré la révolution en cours, tous prennent position ouvertement contre. Ainsi, il ne se passe pas une semaine sans que la Banque de France, l’AMF, la SEC, les dirigeants des banques ou nos dirigeants étatiques n’émettent pas un avis négatif concernant Bitcoin.
Il y a là des idéologies totalement différentes et totalement opposées les pros et les antis n’ont aucun point d’accroche et campent sur des positions dures des deux côtés. Quoi qu’on en dise, il faudra bien que tous finissent par s’aligner sur une vision commune, sans quoi il y a fort à parier que les grands perdants soient les défenseurs de cette révolution.
Conclusion
Nous l’avons vu, le Bitcoin est avant tout basé sur un socle technologique susceptible de complètement révolutionner nos vies, la blockchain qui permet de décentraliser l’information, la prise de décision et les transactions entre individus ou institutions. Mais Bitcoin c’est aussi une crypto-monnaie qui depuis sa création a vu son cours jouer au yoyo avec des période d’euphories importantes mais aussi des grands moments de crises. Les crypto-monnaies de manière générale et Bitcoin en particulier ont fait briller les yeux de nombreux geeks par la facilité qu’elles apportent pour échanger de la valeur entre deux points du monde et entre deux personnes qui par défaut ne se font pas confiance, ou encore par les possibilités que certaines apportent en termes de sécurité, de capacité de certification ou plus fou d’exécution de programmes décentralisés. Et c’est cette décentralisation qui fait bondir en particulier les systèmes financiers et étatiques qui perdent totalement le contrôle et ont donc toutes les raisons du monde de s’en prendre à Bitcoin et aux crypto-monnaies.
Tout le monde arrive avec son expertise pour donner son avis sur ce sujet, les techniciens qui voient le potentiel de la technologie, les banquiers qui savent manipuler des monnaies « réelles » quotidiennement ou produisent des instruments financiers extrêmement complexes, les états qui eux produisent et règlementent les monnaies, les économistes qui sont capables de retracer l’histoire à travers les âges des monnaies, des crises financières et économiques qui ont secoué nos vies. Mais au final, à la question « Faut-il aimer ou détester Bitcoin ? » je pense qu’il faut avant tout rester humble face à quelque chose de totalement nouveau, hors de contrôle certes, mais complètement disruptif. Y’a-t-il une bulle, je crois qu’on peut le dire et tous les experts s’accordent là-dessus, faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain ? Je ne pense pas. Faites-vous votre idée, documentez-vous, prenez le temps de comprendre et vous verrez que les postures extrêmes sur le sujet de Bitcoin et des crypto-monnaies de manière générale ne sont pas si évidentes.