Un nouveau rapport du groupe Freedom House met en lumière la manipulation des réseaux sociaux par les états. Une pratique qui fait baisser largement les libertés sur Internet.

Le jeu de l’influence sur le web ne semble pas prêt à se terminer de si tôt. Concernant les différentes plateformes sociales, Facebook a été la première à se retrouver sous les feux des projecteurs. En cause, le rôle majeur que le média social a joué dans l’affaire de l’ingérence russe. Effectivement, la Russie aurait joué un rôle non seulement lors des élections présidentielles françaises, mais aussi aux Etats-Unis. Dans le cas des élections en France, la Russie a été accusée d’avoir piraté la campagne du mouvement En Marche via une utilisation frauduleuse de Facebook. C’est surtout le cas des présidentielles américaines qui a retenu l’attention mondiale, à raison. Pour résumer ce qu’il s’est passé, Facebook a révélé qu’une entreprise russe avait dépensé une grosse somme d’argent pour diffuser des publicités portant sur des sujets sensibles. Facebook, terreau visiblement très propice à la pratique de l’influence de masse, s’est rapidement fait rattraper par Twitter. Selon une étude de City, University of London, environ 13 500 bots auraient posté et retweeté des posts en faveur du camp Leave lors du Brexit. Une énorme campagne d’influence qui a certainement eu un impact sur l’opinion publique. En tout cas, Freedom House s’est penché sur la question, et les résultats du rapport sont pas très joyeux.

Carte Freedom House

© Freedom House

Selon le rapport de l’ONG luttant pour la défense de la démocratie, les médias sociaux ont été utilisés pour influencer les opinions dans pas moins de 18 pays dans le monde, nuisant ainsi à la démocratie de chacun. Freedom House a présenté une carte interactive qui illustre cette perte de liberté sur Internet dans les différents pays du monde. L’ONG en a fait l’évaluation selon 3 critères : violation des droits individuels, limitation sur le contenu et obstacles à l’accès. Numérama précise à raison que si la France est considérée comme un pays à l’internet libre, cette liberté recule au fur et à mesure des années qui passent. Plus le score d’un pays s’approche du nombre 100, moins la liberté de celui-ci sur Internet est grande. 0 est donc le score idéal. Là ou la France, notée comme plutôt libre, possède un score de 26 sur 100, celui des Etats-Unis est de 21. Par exemple, le score de la Russie est de 66, et celui de la Chine, le plus élevé, est de 87.

Freedom House

© Freedom House

Freedom House Chine

© Freedom House

Le rapport explique aussi que, si l’ingérence de la Russie est publique, 30 pays ont manipulé Internet en 2017, contre 23 l’an dernier. Pour ce qui détermine une pratique de manipulation selon Freedom House, cela concerne : l’usage de commentateurs privés, de trolls ou de bots, mais aussi des comptes automatisés ou des faux sites d’informations. Et bien que la Chine soit le pays qui manipule le plus Internet, des états comme La Turquie, le Venezuela, les Philippines et d’autres ne sont pas en reste non plus. Tous emploient des faiseurs d’opinions qui s’occupent de façonner les discussions en ligne. Un sujet sur lequel s’exprime Michael Abramowitz, président de Freedom House : « L’usage de commentateurs rémunérés et de bots politiques pour diffuser la propagande gouvernementale a d’abord été développé par la Chine et la Russie, mais c’est maintenant un phénomène mondial ».

Malgré le pessimisme qui émane des résultats issus du rapport, l’on peut quand même espérer une once d’espoir de la part de certains gouvernements et de certaines institutions qui tentent dans bien que mal de réguler ces pratiques. Et si ce n’est pas eux, l’on peut aussi penser à une réaction de la part des médias sociaux eux-mêmes, puisque ces derniers se substituent de plus en plus aux états.

En tout cas, le rapport est à consulter.

Source : MIT Technology Review