Le monde se peuple d’intelligences artificielles, d’assistants personnels et les humains reculent devant les robots. Sa voix par contre est de plus en plus présente. Cette voix humaine, élément essentiel au caractère de Siri, d’Alexa ou de Cortona habite la moindre de nos habitudes et de nos interactions. Selon le cabinet Gartner, le marché des enceintes connectées à commande vocale représentera 3,52 milliards de dollars en 2021, contre 360 millions en 2015. 

Différencier par la voix

Il va donc y avoir beaucoup de voix de synthèse dans nos univers sonores. Pour le moment, le grain vocal de nos assistants digitaux est moins important que leur capacité à répondre à nos requêtes. Mais devant la prolifération attendue, la caractérisation vocale est essentielle.

Nous choisissons déjà avec beaucoup de soin la voix qui nous guide car la personnalisation des intelligences artificielles que l’on fréquente est fondamentale dans nos vies d’utilisateur.

L’expérience menée par Allianz nous dévoile un des aspects psychologique lié à l’usage de la voix. Lors d’une expérience de conduite assistée par Waze, Allianz a modifié la voix de guidage de 3 chauffeurs par la voix de leurs propres enfants. Ils démontrent ainsi la modification de l’attitude au volant des chauffeurs qui comme 7 conducteurs sur 10 conduisent plus prudemment avec un proche à bord.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=76&v=OqFSW5byIdY

Laisser son empreinte vocale

Il est donc important de créer des expériences vocales uniques pour être adopté par les utilisateurs. Est-ce que pour cela, il faut que votre robot parle avec un cheveu sur la langue? Pas sur. Par contre, il peut avoir un rythme vocal plus fluide, une tonalité bien à lui et pourquoi pas un léger accent.  L’ensemble de ces petites aspérités contribuent à rendre une création moins crispante à l’usage.

La crispation et la monotonie guettent effectivement l’utilisateur baigné de voix  monocorde et hypnotique. Comment dans une telle atmosphère légèrement soporifique pourrait-on le motiver à entamer une discussion avec son frigo? (ne riez pas, vous allez tous le faire !) : « Oh, comment tu parles à ma soeur ! » – I AM.

Utiliser la personnalité d’un autre

Poussons le bouchon. Si la voix monocorde de Siri nous ennuie, pourquoi ne pas capturer et transférer une personnalité sexy en copiant sa voix? C3PO pourrait devenir votre assistant digital, Donald Trump votre robot ménager et Charles de Gaulle votre majordome. Cette fiction un peu flippante est dorénavant une réalité.

On vous rassure. L’article 9 protège le grand Charles d’une utilisation de son identité vocale sans accord préalable de ces héritiers. Malgré tout, plusieurs sociétés comme la fameuse Lyrebird tentent des expériences spectaculaires. Écoutez donc Barack Obama faire naturellement la promotion de la technologie Lyrebird.

Développer l’usage marketing de la voix

Le marketing s’intéresse évidemment à ce secteur et on fréquente déjà beaucoup de voix de ce type dans nos quotidiens. Les voice bot adaptent par exemple une réponse à des éléments contextuels et Simone (la voix des gares SNCF) est depuis quelques années devenues une marionnette vocale dirigée par la SNCF. L’entreprise peut ainsi répondre en souplesse et avec précision aux usagers des gares.

Beaucoup d’autres idées fleurissent autour de la voix que l’on pourrait qualifier d’interactive,  la voix de synthèse à de belles années devant elle.

Et les comédiens ?

Point positif,  les comédiens restent au centre du dispositif. Ils peuvent y voir un marché potentiel, ou un danger. Le marché est là, quant au danger de se faire cloner vocalement, la technologie reste limitée.

Un GPS ne s’exprime que dans une seule intention vocale. Il ne crie pas, il ne sanglote pas, bref il ne transforme pas radicalement son intention vocale au cours de votre trajet. La voix est neutre, distante et ne joue pas. Pour lui permettre de sortir de cette humeur d’hôtesse de l’air, il faudrait developper autant de voix que d’intention vocale possible. C’est bien vers là que se dirige la recherche, mais pour le moment nous ne sommes pas encore prés à mettre Gérard Depardieu en boîte. Ce qui est sur par contre, c’est que la création vocale rentre de plein pied dans l’ADN sonore des marques.