Initiateur et accompagnateur de la transformation digitale, le chief digital officer est aujourd’hui présent dans 90% des entreprises du CAC 40. Vecteur de l’innovation et du changement, quel rôle garde-t-il au sein de l’entreprise ? Apparu il y a maintenant plus de 10 ans, mais réellement démocratisé à partir de 2015, celui que l’on connaît sous le nom de CDO continue d’opérer sa mutation. Qu’il s’agisse de ses missions, de sa position au sein de l’entreprise ou de ses compétences, il semble exister autant de CDO que d’entreprises.

Le Chief Digital Officer : technophile, facilitateur et évangélisateur

Dans des secteurs traditionnels et historiquement très hiérarchisés, impulser une dynamique de changement peut susciter un certain nombre de réticences. La prise de décision verticale ne suffit pas à insuffler une transformation de la substance immatérielle de l’entreprise : les comportements changent, mais sans prise de conscience, cet élan ne sera qu’éphémère.

Entre alors en jeu le CDO : un profil hybride et qui ne peut toujours pas, après 3 années d’existence, se satisfaire d’une définition statique. De parcours et de spécialités différents, son profil est éminemment protéiforme : business-oriented, professionnel du marketing ou technophile, le Chief Digital Officer partage avec ses pairs certains caractères transversaux qui l’amènent à mettre l’approche utilisateur au centre de sa réflexion.

Vecteur du changement au sein de l’entreprise et d’ordinaire positionné en son centre névralgique, le CDO murmure auprès de toutes les strates de l’organisation pour transmettre une nouvelle culture digitale et impacter durablement l’entreprise dans son idéologie et son architecture.

Banque et assurance : une question d’équilibre

Les secteurs de la banque et de l’assurance ne font pas exception à la nécessaire, mais non moins complexe, transformation digitale. Bien au contraire. Dans le milieu de l’expérience client (UX) et de l’appropriation des nouveaux modes de communication, les entreprises du secteur font d’ailleurs figure de bons élèves. Pour le CDO, leur structure souvent très hiérarchisée et leurs impératifs réglementaires constituent un frein de taille pour faire pénétrer la culture du changement auprès de l’ensemble des collaborateurs.

Ainsi dans le secteur bancaire et assurantiel, il existe 3 principaux enjeux : l’open banking, l’exploitation de la data, et l’agilité organisationnelle. Trois problématiques qui font émerger la nécessité pour l’entreprise et son CDO de toujours naviguer avec la conscience d’un environnement concurrentiel extrêmement actif, mais également d’un environnement réglementaire particulièrement intransigeant.

Un transformateur pour les digitaliser tous ?

Compte tenu des missions qui sont aujourd’hui les siennes, le chief digital officer doit pouvoir bénéficier d’une réelle écoute de la direction de l’entreprise – c’est pourquoi il n’est pas rare de le retrouver parmi les plus hauts postes de l’organisation. Auprès de la direction, il endosse un rôle double : sensibiliser la direction au digital et, ainsi, enrichir sa vision stratégique, impliquant une intime compréhension des enjeux de l’entreprise.

Puis, le CDO doit se charger de porter la stratégie auprès des différents publics internes, une mission parfois portée en collaboration avec le département RH, pour accompagner les collaborateurs dans l’incarnation de ce projet, et parvenir à instaurer une culture agile qui permettrait non plus seulement de voir le changement comme ponctuel, mais d’en faire un phénomène fluide et perpétuel.

Malgré ses casquettes multiples, une question demeure : quel avenir pour le chief digital officer ? Plusieurs théories se côtoient : pour certains, la stratégie corporate de l’entreprise commence déjà à entrer en redondance avec la stratégie digitale de cette dernière ; d’ici 2020, les deux ne formeraient plus qu’une. Dans ce cas de figure, pourrait être remis en question sinon le poste du CDO, du moins son rôle dans la société (au poste de CIO notamment).

Mais le rôle du CDO soulève une autre question : de par sa position dans la société, dispose-t-il du spectre d’influence nécessaire auprès des collaborateurs pour réussir à impacter en profondeur l’organisation dans son ensemble ?

Certains professionnels imaginent l’évolution partielle du poste de CDO portée par la formation de collaborateurs « ambassadeurs » ou « transformateurs » présents à toutes les strates de l’entreprise. Déjà mise en place au sein de plusieurs organisations bancaires et assurantielles, cette solution aurait vocation à favoriser la propagation de la culture digitale par petits hubs de collaborateurs.

Poste aux contours encore insaisissables, les missions du CDO évoluent au rythme des innovations technologiques et des nouveaux besoins des utilisateurs finaux. Que la stratégie digitale de l’entreprise se confonde avec la stratégie globale ou non, il y a fort à parier que le CDO demeurera un atout indispensable pour l’entreprise, dont la transformation digitale occupera une place primordiale dans la course à la compétitivité.