En sous-texte, la question est : est-il possible de créer de la musique convaincante grâce au deep learning ? 
Plusieurs expériences vont dans ce sens : Jukedeck, une intelligence artificielle (IA) dédiée à la production de musique libre de droits. FlowMachines (Sony CSL) et son titre à la manière des Beatles. DeepBach, qui revisite Jean-Sébastien Bach. Et le single « I am an I.A » dernier coup de boutoir pour annoncer que oui, les musiciens sont (aussi) en passe d’être Uberisé !

Horreur et enthousiasme de l’IA

Laissons 5 min de côté l’horreur ou l’enthousiasme que nous inspire la situation pour nous demander si l’intervention d’une aide informatique dans la musique est si récente que cela. Sans remonter aux calendes grecques, jetons un oeil dans la trousse à outils de nos compositeurs contemporains. On y trouve déjà pas mal d’aide à la création via ordinateurs. Des choses simples comme la quantification rythmique des notes (remise au tempo d’une mélodie ou des accords) et des choses plus complexes comme la création d’arrangement d’orchestre générée par des logiciels.

Vous avez joué avec Garage Band, vous savez donc que l’on peut déjà faire de la musique avec un niveau musical « flûte à bec – Cm2 ». Mais ne vous précipitez pas tout de suite sur les commentaires pour écrire que cela n’a rien à voir avec la composition via une intelligence artificielle, nous sommes d’accord.

Attention, une I.A peut cacher un humain

N’oublions pas que derrière la composition par l’intelligence artificielle se cache pas mal d’humains. Pour « I am an I.A », la mélodie est générée par  Amper (une intelligence artificielle), mais choisie par Taryn Southern. La chanteuse / musicienne a décidé de développer le motif musical et de chanter dessus. Deux décisions artistiques qui ont apporté l’épaisseur nécessaire pour en faire un titre.

C’est une des grandes qualités de la composition assistée par l’intelligence artificielle. Un accès à des formules musicales éprouvées. En connaissant par cœur tous les tics de langage de Bach ou des Beatles, l’IA nous offre une multitude de combinaisons inutilisées « à la manière de… ». Une somme d’informations qui constitue un exploit technique mais qui est très différente de l’inspiration musicale humaine.

Beatles battle. Oasis vs Flowmachines

Si on prend un groupe comme Oasis qui, comme Flowmachines, s’inspire des Beatles. On entend tout de suite les emprunts aux Fab Four dans certaines harmonies. Mais le résultat n’est pas celui que nous offre Flowmachines. Oasis y a ajouté son histoire, sa capacité de musicien. Oasis inspiré par les Beatles est un groupe à l’expression neuve et pas un groupe « à la manière de… »

Les Beatles par Flowmachines :

Les Beatles par Oasis :

Le futur de la musique sera créé par collaborations entre des humains et des AI. – Drew Silverstein, Fondateur d’Amper.

Ne cherchez pas de cynisme dans cet article, nous considérons que les avancées sur le sujet sont incroyables. La recherche sur la composition assistée par IA ouvre des pistes artistiques qui seront très rapidement utilisées par des musiciens talentueux qui sauront quoi en faire. On se souvient que lorsque Les Paul a mis au point sa célèbre guitare, il n’avait pas imaginé ce que Slash (Gun’s and roses) pouvait en faire.