Tandis que des politiques françaises souhaitent faire des startups françaises de futures licornes sans rien faire, des pays de l’Europe de l’Est font du digital, l’ADN de leur nation. Je parle de l’Estonie, ce pays balte souvent stéréotypé, qui lance le projet de créer une crypto-monnaie nationale.

Pour comprendre ce qu’est une crypto-monnaie : lire l’article de Sébastien Bourguignon.

Il faut tout d’abord rappeler que l’Estonie, intégrée à l’Union Européenne en mai 2004, a fait d’Internet un droit commun au même titre que l’eau ou les transports. Dans la capitale Tallinn (30% de la population totale), l’accès au Wi-Fi est omniprésent et la plupart du temps gratuit. Et c’est surtout le premier pays à offrir une « e-residency » que l’on pourrait traduire par une domiciliation numérique. Ce projet permet à n’importe quel individu de créer une entreprise en Estonie, en ligne et sans présence physique sur le territoire. Une façon de désencrasser l’administration et d’attirer les investisseurs étrangers (qui ne le seront plus).

Carte d’identité e-resident.

En matière de numérisation, on peut dire que l’Estonie fait partie des nations numérisées au-delà des aspects commerciaux. Mais le pays souhaite aller plus loin en voulant créer sa crypto-monnaie nationale. C’est ce qu’a déclaré Kaspar Korjus, responsable du programme e-residency sur la plateforme Medium.

Les Estcoins pourraient être gérés par la République d’Estonie, mais accessibles par n’importe qui dans le monde grâce à son programme e-Residency et lancés par le biais d’une offre initiale de monnaie (ICO). – Kaspar Korjus.

Estcoins, le nom est donné et les moyens employés également. Le responsable du projet évoque une ICO qui est l’équivalent d’une introduction en bourse (IPO), mais pour une crypto-monnaie. Avec ses 1,3 million de e-residents de 138 pays, l’Estonie souhaite aller plus loin avec sa devise digitale pour faciliter les investissements et en écartant les longues procédures administratives.

Pour comprendre ce qu’est une ICO : lire l’article de Sébastien Bourguignon.

Le pays prend pour modèle le fond de pension souverain de Norvège, appelé communément « oil fund » qui a atteint une valeur de 850 milliards d’euros fin 2016 soit un contrôle de 1,3% de la capitalisation boursière mondiale (selon LeMonde.fr). Ce dernier est basé sur les revenus pétroliers du pays afin de les faire fructifier via des actions, des obligations ou encore l’immobilier. Cela me fait penser à la politique du Qatar, sauf que l’argent revient au pays et non à une famille royale.

Ainsi, au-delà de renforcer l’identité des e-residents avec les citoyens classiques à travers une devise digitale. Les « Estcoins » permettraient au pays d’investir dans de nouvelles technologies servant à la fois aux individus comme aux entreprises.

Pour résumer, l’Estonie souhaite devenir à part entière la première nation digitale, quand en France on réforme une énième fois le code du travail. Chacun ses ambitions…

Source : Medium.