L’année dernière la Chine lançait du désert de Gobi le satellite Micius du nom d’un philosophe chinois mort en 391 avant J-C. Le satellite a été mis en orbite en synchronisation avec celle du soleil afin qu’il passe à côté de la terre chaque jour à la même heure.

Micius est un récepteur de photons ultra sensible qui détecte les états quantiques des photons venant de la Terre. Il permettra aux scientifiques de tester les constructions technologiques quantiques en matière d’intrication, de cryptographie et de téléportation. Un an après, l’équipe du satellite Micius dévoile les résultats de ses premières expériences.

Un record de longueur

Pour battre le record d’intrication mesuré (100 km), les scientifiques chinois ont utilisé ce réseau quantique pour arriver à téléporter le premier « objet » de la terre vers l’espace orbitale. Bien que la téléportation soit devenue une opération standard dans les laboratoires d’optique quantique dans le monde, jamais une telle distance n’avait été parcourue, à savoir 500 km. La téléportation repose sur le phénomène de l’intrication, mais de quoi s’agit-il ? Ce phénomène d’intrication se produit lorsque deux objets quantiques comme des photons se forment au même moment et deviennent dépendants l’un de l’autre quel que soit la distance qui les sépare. Du fait de leurs similarités dans leurs propriétés physiques, ces deux particules ou objets (si l’on est optimiste) doivent être considérés comme un système unique.

Dans les années 1990, allant à rebours du principe de localité de Einstein qui affirmait le contraire, les scientifiques se sont rendus compte qu’ils pouvaient utiliser l’intrication quantique pour transporter de l’information. L’idée étant de « télécharger » les informations d’un photon et de les transmettre sur son photon associé … ailleurs. Ce photon prend alors « l’identité » de l’autre et devient donc le photon originel.

Cette expérience a déjà été réalisée plusieurs fois sur Terre, en théorie il ne devrait pas y avoir de distance maximale nécessaire. En pratique, le procédé demeure très instable car à une distance de plus de 100 kilomètres il y a trop de pertes de photons dans les fibres optiques et les canaux terrestres utilisés, d’après l’équipe de scientifiques chinois.

Le satellite Micius vient bousculer les certitudes. En effet, à une orbite minimale de 500 kilomètres et maximale de 1400 kilomètres de Terre, il oblige les photons à voyager dans le vide pour la majorité de leur périple.

téléportation quantique

Les conditions du succès.

Pour arriver à ce résultat l’équipe chinoise a créé des paires de photons intrication, au sol, à un rythme de 4000 par secondes. Ils ont ensuite à chaque fois fait rayonner un de ces photons vers le satellite qui passait au dessus de la base chaque jour à minuit et ont gardé l’autre photon sur Terre. Pour minimiser les déperditions de photons la station terrestre à été construite à Ngari au Tibet à une altitude de près de 4000 mètres.

Enfin, ils ont mesuré les photons sur terre et en orbite pour confirmer l’intrication et donc la téléportation. Pendant 32 jours ils ont réédité l’opération sur des millions de photons et ont obtenus des résultats positifs dans 911 cas. Un ratio suffisant pour affirmer que l’opération de téléportation a été faite. L’objectif sera dorénavant d’améliorer le ratio et de poser les bases pour un internet quantique à l’échelle mondiale selon l’équipe de chercheurs.

Un exploit que la Chine a réalisé toute seule au nez et à la barbe des grandes puissances « spatiales » que sont l’UE et les USA.

Une puissance de l’Est dans la course spatiale contre un bloc de l’Ouest, comme un air de déjà-vu tous ça non ?

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