En 1997, les premiers épisodes de Navarro diffusées à la télévision duraient 90 minutes. À l’inverse, l’appli Blackpills propose aujourd’hui des formats d’épisodes très courts disponibles seulement sur mobile. Comment l’historique et l’évolution du divertissement a-t-elle pu laissé place à des épisodes qui durent seulement 10 minutes ?

À l’ère de la télévision

En 2001, la France découvrait Loft Story et regardait avec des yeux ébahis la jeune Loana flirter avec Jean-Edouard dans une piscine. Du jamais vu à la télévision. L’audimat explose les jours suivants : la France se fascine pour ces deux jeunes gens qui laissent entrevoir une sexualité tendance exhibitionniste et chacun y va de son commentaire. C’est le début d’une nouvelle ère aux allures racoleuses et provocatrices tels que l’on peut la retrouver aujourd’hui dans des émissions de divertissements temps que Les Anges de la Téléréalité ou Les Marseillais. Aujourd’hui, GIFI choisit Loana et Benjamin Castaldi, présentateur de Loft Story à l’époque, pour tourner une publicité qui fait clin d’oeil à la scène de l’époque, mais c’est une autre histoire (et plutôt gênante). Enfin, l’époque de Loana marque certainement une rupture en matière de divertissement français et de ce qu’on peut voir, ou non, à la télévision à cette époque là. Outre la téléréalité, la France s’attelle aussi dans ces années aux séries telles que Navarro. 10 millions de Français étaient tenus en haleine devant ces 90 minutes pendant lesquelles Antoine Navarro, se chargeait de résoudre des enquêtes policières. Les discussions autour de ces différents divertissements se sont ancrés dans les foyers et les bureaux, chacun partageant son appréciation de l’épisode de la veille autour de la machine à café.

Et pourtant, au fur et à mesure que les générations et leurs moeurs évoluent, les supports et les modes de consommation du divertissement évoluent. Loana, Navarro et le divertissement télévisé semble vieillir peu à peu pour laisser place à de nouveaux modèles plus flambants et plus neufs.

Netflix

Netflix and Chill ?

Après avoir vu les personnages de multiples séries (américaines, allemandes, etc) débarquer sur la télévision française et surtout, parler Français, c’est Netflix qui a crée une tempête dans le secteur du divertissement. Le divertissement a changé de support, s’inscrivant définitivement sur les écrans d’ordinateurs et laissant la poussière s’accumuler sur les bords de la télévision. Arrivée en France 13 ans après Loana, soit en 2014, Netflix compte aujourd’hui plus de 100 millions d’abonnés dans le monde et devient la nouvelle TV. En 3 ans, le service de vidéo en ligne s’inscrit très rapidement dans les moeurs à l’exemple de l’apparition de ces deux expressions tombées dans le domaine public. Le binge watching, qui caractérise à la perfection ces 5 ou 6 épisodes regardés à la suite alors qu’il est l’heure de dormir. Et puis Netflix and Chill, expression plus secrète utilisées par les jeunes pour désigner une invitation au sexe. Ces deux expressions illustrent bien comment le fait de passer son samedi soir à regarder des séries plutôt que de sortir avec les copains est devenu un phénomène commun, voir tendance. Même si Netflix tend à multiplier son offre en s’attaquant au domaine des documentaires, il a malgré tout bouleversé l’approche des consommateurs concernant les séries TV et le divertissement pur.

Mobile first

Tout pour le mobile first

En 2017, le web passe en mobile first avec plus de 52,7% du trafic qui provient directement du mobile. Les vidéos sont donc de plus en plus regardées sur mobile, ce qui entraine par conséquent les marques à développer de nouvelles pratiques publicitaires. Le format vertical prend sa place sur nos téléphones, à l’exemple de Youtube qui supprime les deux bandes noires présentes sur son lecteur quand la vidéo a été filmé à la verticale. Snapchat par exemple, a largement contribué à faire croitre le temps passé sur un écran en mode vertical, grâce à ses stories, que ce soit celle des amis ou celle des pubs.

Blackpills

L’actualité, de nature sportive, politique ou autres, est elle aussi en train de prendre de l’ampleur sur mobile, changeant ainsi son format pour un mode plus divertissement. Fondé en 2016, le média Brut est l’exemple parfait de cette transformation. Crée par Guillaume Lacroix, fondateur du studio Bagel, et Renaud Le Van Kim, ancien producteur du Grand journal, dépassera bientôt les 100 millions de vues depuis sa création. En proposant des vidéos très courte qui résume l’actu avec un format semblable à ceux du divertissement, Brut colle parfaitement aux nouvelles habitudes mises en place par les millenials.

Blackpills is the new Netflix ?

Financée par Xavier Niel (Free) et fondée par Daniel Marhely (Deezer) et Patrick Holzman (Allociné), l’appli Blackpills propose un nouveau support pour le divertissement. Disponible en France depuis avril, la plateforme de séries pour mobiles ne propose que des épisodes dont la durée ne dépasse pas 10 minutes. Les vidéos au format brutes vont droits au but, tant dans la durée que dans les sujets. Pour ce qui est de ces derniers, Exposed raconte par exemple l’histoire d’une jeune femme qui fait le choix de devenir actrice X, au risque de se confronter à ses proches et ses (nouveaux) détracteurs. Un format très intéressant qui propose des sujets malgré tout assez vastes et qualitatifs.

Avec l’évolution des technologies et de leurs utilisations, il est clair que le PC (même portable) est en train de devenir un outil de travail que l’on utilise au bureau ou lors d’un trajet en train pour se mettre à jour, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. À l’inverse, le mobile est en train de devenir le principal outil de loisir, que l’on utilise non seulement pour s’informer, mais aussi pour se divertir.