Un vent de folie souffle depuis quelques semaines sur le petit monde des crypto-monnaies. Bitcoin, Dash, Litecoin, Ripple ou encore Ethereum sont actuellement en train de vivre une explosion de leur cours. Ainsi, le bitcoin a vu son cours dépassé la barre symbolique des 2000$ cette semaine alors même qu’en mars il était passé brutalement de 1200$ à 900$ et qu’en fin d’année dernière il était aux alentours de 700$. Idem pour l’Ether (la crypto-monnaie liée à Ethereum) qui est passée de 14$ il y a un an à 138$ au moment de l'écriture de cet article. On pourrait en dire autant pour Dash qui est passé en un an de 8$ à 99$ ou encore Litecoin qui est passé sur la même période de 4$ à 27$. Cette tendance peut s’expliquer de plusieurs manières, c’est ce que nous allons voir !

Vulgarisation et démocratisation

Depuis plusieurs mois la technologie sous-jacente aux crypto-monnaies, la blockchain, est sur toutes les lèvres. On en parle beaucoup dans le secteur de la banque et de l’assurance qui se sentent menacés par cette nouvelle technologie capable de les faire disparaître à terme, mais on en entend parler maintenant dans tous les secteurs que cela soit dans l’énergie, dans l’industrie ou encore dans le retail, tous se sentent concernés par les capacités de disruption de la blockchain. De fait, cet intérêt dans cette technologie implique que de plus en plus de monde s’intéresse aussi aux crypto-monnaies qui l’ont popularisée.

Bitcoin, créé en 2009, a par ailleurs démontré qu’il était robuste dans le temps, cela fait maintenant 8 ans que le réseau fonctionne et qu’il fédère de plus en plus de participants. Rappelons que ce qui fait le succès d’une crypto-monnaie c’est avant tout le nombre de personnes qui participent et ont confiance dans le réseau, c’est aussi ce qui en fait sa valeur. Il devient donc un actif dans lequel les individus se sentent plus enclin à investir pour tester, pour l’utiliser ou pour spéculer. Bitcoin a en quelque sorte gagné ses lettres d’Or aux yeux du grand public le rendant ainsi plus acceptable comme support d’investissement. Cela a donc un effet bénéfique pour les autres crypto-monnaies qui profitent du halo positif qui entoure Bitcoin.

Et puis, il n’aura jamais été aussi simple et accessible de se procurer des « coins » quel que soit le support. Les places de marché permettent maintenant d’en acheter en carte bleue ou bien en effectuant un simple virement international, et ce en quelques clics sur Internet.

Instabilité politique et économique des marchés

Commençons par les instabilités politiques, prenons par exemple l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis et son retentissement à l’international a eu un effet non négligeable sur le cours du bitcoin, depuis celui-ci a bondi de 90%. On peut citer plus proche de nous la France avec les élections présidentielles qui ont généré beaucoup d’incertitudes, avec notamment l’hypothèse d’une élection de Marine Le Pen en tant que présidente de la république. Ces situations politiques ont des retentissements importants sur le cours des crypto-monnaies, en particulier sur Bitcoin.

Et puis les instabilités économiques de certains pays ont aussi un impact fort sur la hausse des cours. Le cas le plus flagrant est celui de la Chine qui à elle seule génère en moyenne 65% du volume des échanges sur Bitcoin. En effet, localement le yuan a perdu 5% par rapport au dollar dans les douze derniers mois et par ailleurs l’état met en place de nouvelles mesures de contrôle sur la gestion de patrimoine qui incitent les investisseurs chinois à trouver d'autres alternatives pour faire fructifier leurs fonds tout en passant sous les radars du régulateur. Cette volonté de contrôle du gouvernement a d’ailleurs des effets réguliers sur le cours de Bitcoin, en particulier quand par exemple l’état chinois décide de fixer un seuil au montant qu’il est possible de convertir dans une autre monnaie avec l’idée de limiter au maximum les fuites de capitaux à l'étranger.

Le Japon et la Russie ont légalisé Bitcoin, bientôt l'Australie

Le Japon a légalisé le Bitcoin depuis le 1er avril dernier, et ce n’est pas un poisson, comme un moyen de paiement et a introduit le fait que les plateformes d’échanges allaient devoir mettre en place les systèmes existant dans les banques autour de la lutte contre la fraude et de l’identification des clients avec un processus de KYC (Know Your Customer). Il s’avère que depuis cette date, 46% des échanges de bitcoins se sont faits à partir du Japon, autant dire qu’il s’agit d’un franc succès et que cela donne encore un peu plus de légitimité à cette crypto-monnaie. Peu de temps après, le 10 avril, c’est la Russie qui a annoncé vouloir faire la même chose en 2018, ainsi le gouvernement et la banque centrale russe travaillent ensemble à réguler et légiférer autour des monnaies numériques. Le Mexique de son côté réfléchit aussi à la possibilité de mettre en place un cadre règlementaire autour de l’achat et de la vente de bitcoins.

Enfin, à partir du 1er juillet, l’Australie va faire ce qu’a fait le Japon c’est à dire fixer un cadre fiscal et règlementaire autour de Bitcoin et la reconnaître comme une monnaie pour l’achat et la vente de biens, elle va par ailleurs inciter les plateformes d’échange à revenir s’installer localement car sa politique précédente les avaient fait fuir.

La SEC aux États-Unis pourrait autoriser un fond basé sur Bitcoin

Pour les aficionados de Facebook, le nom des frères Winklevoss devrait rappeler quelques souvenirs, ils s’étaient illustrés à l’époque en menant une action contre Mark Zuckerberg pour s’approprier la paternité du réseau social. Résultat cela s’était terminé avec une transaction financière dont on ne connaît pas le montant mais qui a certainement mis à l’abri du besoin les frères jumeaux et leurs descendants pour de nombreuses générations. Il s’avère que ces mêmes frères tentent depuis 2013 de créer un exchange-traded fund (ETF) basé sur Bitcoin. L’objectif d’un ETF est de répliquer les variations d’un indice, à la hausse comme à la baisse. Ils s’étaient faits retoquer en mars dernier par la Securities and Exchange Commission (SEC)  l’équivalent de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) en France. Or la SEC a rouvert une porte récemment pour donner une seconde chance aux frères Winklevoss afin de leur permettre de lister leur ETF comme ils le souhaitent depuis maintenant 4 ans.

Conclusion

On l’a vu, Bitcoin a de plus en plus le vent en poupe, il sort du bois après plusieurs années d’observation et de défiance de la part des autorités et du grand public en partie liées au caractère sulfureux qu’il porte dans son ADN, en particulier avec Silk road, la place de marché du Darknet où les transactions se faisaient exclusivement en bitcoins. Mais le constat est sans appel, Bitcoin est en train de devenir une crypto-monnaie respectable sur laquelle certains états ont décidé de légiférer, et d’autres étudient la possibilité de l’exploiter comme support de placement financier. Cela joue actuellement à plein dans l’envolée du cours. Il existe ainsi un espoir que Bitcoin devienne une nouvelle forme d’Or digital, pourquoi pas même un moyen de paiement alternatif dans certains pays, quoi qu’il reste encore plusieurs problèmes à régler pour pouvoir acheter son café chez Starbucks en bitcoins, en particulier la fameuse taille des blocs. Ce qui est sûr, c’est que toutes les crypto-monnaies profitent à fond de l'engouement dans Bitcoin et elles voient actuellement toutes leur cours s’apprécier.

Ce qui est sûr, c’est que les crypto-monnaies vivent une période d’effervescence qui semble plutôt justifiée, et qu'un potentiel changement de paradigme à termes avec un déplacement de l’économie centralisée des pays vers une économie totalement décentralisée sur une ou plusieurs crypto-monnaies semble tout à fait probante. Si on se laisse un peut rêver, on peut même imaginer que dans des échéances plus ou moins proches les monnaies locales soient moins puissantes que des crypto-monnaies, voire même qu’elles leurs laissent totalement la place !

Reste une autre hypothèse tout aussi sérieuse, celle selon laquelle il s’agit d’une bulle spéculative prête à exploser, et cela seul l’avenir nous le dira.