La durée d’un morceau de musique est dictée par le support sur lequel on l’enregistre. Aux alentours des années 50 on pouvait enregistrer un peu plus de 3 minutes sur un 45 tours. C’est donc avec cette durée que les titres d’Elvis Presley et le rock ont envahi le monde.

Ce dogme d’hier est pourtant en train d’être dépassé, la digitalisation de la musique ayant ouvert plus grand le champ des possibles. Grâce aux nouvelles techniques d’enregistrement, aux capacités de stockage et à l’efficacité des réseaux, on peut maintenant enregistrer et diffuser sans problème des morceaux de 30 secondes ou de 3 heures sans que cela ne crée de désordre technique ou économique à l’auteur.

Oreilles zappeuses recherche durée de musique idéale.

Le support ne dicte plus la durée idéale pour la musique enregistrée, c’est maintenant l’attention du public qui fixe les règles et qui impose sa norme.

Les oreilles zappeuse de nos contemporains urbains et digitaux accordent peu de temps à la découverte. On évoque la durée maximum de 8 secondes d’attention disponible pour découvrir une nouveauté avant de passer inexorablement à autre chose.

Capter l’attention est le nouveau challenge du producteur de musique. Doit-il produire pour cela des titres de 8 secondes ? Ce n’est visiblement pas l’envie des acteurs du business de la musique pour qui l’homogénéité des formats prime. On se cale donc toujours sur les médias de diffusion classique ou le single reste le roi et les 3 min environ le mètre étalon de la durée idéale d’un titre enregistré.

La musique enregistrée est une bande annonce.

Les lignes bougent et la musique rétrécie à vue d’oeil. Les auditeurs distraits font face à des producteurs en recherche de solution pour capter leurs attentions volatiles.

L’émission Quotidien animée par Yann Barthes expérimente ainsi depuis la rentrée des mini-concerts découvertes d’un peu plus de 2 minutes. Les groupes invités jouent une version raccourcie, genre bande-annonce de leur single. C’est court, c’est impactant et ça peut faire mouche en frustrant le public. Et si l’extrait accroche le public et qu’il en veut encore, il à deux solutions :

1- Continuer l’expérience du live en retrouvant un deuxième titre (complet) sur le web de Quotidien.
2- Filer acheter le vinyle de l’album proposé par Yann Barthes à la fin de chaque prestation.

L’histoire ne dit pas encore si les artistes bénéficient de se rétrécissement de la durée de leurs prestations. Sans doute pas vraiment sur le moment  puisque leurs droits d’auteurs sont calculés sur la durée d’interprétation, mais peut-être sur le long terme car dans la manoeuvre, ils ré-ouvrent des espaces d’expressions dans des émissions qui font encore beaucoup de l’audience.

Un format plus court, presque « bande-annonce » qui s’installe dorénavant aux côtés des extended play dédiés au D.j ou des singles nécessaires à la radio.