Comment les entreprises mènent-elles leur transformation digitale ? Quels sont les projets inscrits dans la feuille de route des Chiefs digital officers (CDO) des entreprises françaises ?

Ce sont quelques-unes des questions auxquelles le deuxième baromètre des CDO réalisé par Digital Jobs, Novamétrie, Criteo, SalesForce et VISEO, entendait répondre. Il révèle notamment qu’après avoir travaillé la digitalisation des contacts clients, le CDO doit maintenant et de plus en plus s’atteler à la digitalisation de l’entreprise, de ses collaborateurs et de ses processus : 21 % des CDO indiquent même que cet objectif est cette année leur priorité. Le baromètre identifie un CDO idéal de plus en plus opérationnel et recruté avec une connaissance des processus de l’entreprise.

Sites web d’entreprise, réseaux sociaux, applications numériques… le digital permet de multiplier les interactions entre les entreprises et leurs clients. Il est un vecteur de communication, canal de distribution, support d’expériences nouvelles et d’une relation plus étroite avec le consommateur.

Assez naturellement, ces problématiques se sont retrouvées en haut des plans d’accélération digitale des entreprises et dans la feuille de route des CDO qui les mettent en œuvre.

Pour autant, l’apport d’un digital tourné vers le client mais sans forte adhérence avec le SI semble s’essouffler et tendre vers l’asymptote : multiplier les dispositifs clients permet de proposer des expériences nouvelles aux clients. Par soucis de rapidité, les entreprises et leur CDO ont commencé par créer ces dispositifs avec le moins possible de liens avec le système d’information de l’entreprise. Le rythme du digital invitait à décorréler les projets digitaux du reste des transformations informatiques de l’entreprise (la notion de dual IT postule la dissociation entre une informatique digitale et agile et une informatique traditionnelle) et à proposer autant que possible des dispositifs fonctionnant sans trop de dépendance avec le reste du SI.

Lier le digital aux processus d’entreprise.

Pour autant, les possibilités ainsi offertes sont limitées. Un site sans mises à jour automatisées, un catalogue sans indication du niveau des stocks, une transaction dans un outil sans lien avec la chaine d’approvisionnement, un envoi de messages mails ou physiques irritants car nombreux et non personnalisés par l’absence de lien entre ces outils de campagne et des outils de connaissance client… l’expérience ne peut être complète sans lier beaucoup plus les dispositifs digitaux aux outils de gestion de l’entreprise, de l’ERP à l’application.

Par ailleurs, les processus eux-mêmes peuvent faire l’objet d’une transformation, plus enfouie mais potentiellement beaucoup plus rentable pour l’organisation. Dématérialiser un processus de traitement des factures fournisseurs peut permettre d’économiser 60 % du coût d’exploitation d’une facture. Mettre en mobilité des outils métier pour les populations nomades permet d’économiser des doubles saisies et de gagner en productivité. Optimiser les trajets d’une flotte automobile, digitaliser un processus d’approvisionnement, le traitement des notes de frais… les territoires de transformation au sein même de l’entreprise sont nombreux et les retours sur investissement potentiellement plus évidents.

Un digital plus lié au processus d’entreprise quand il ne porte pas sur les processus eux-mêmes : alors que nous avions un dual IT, nous allons vers une réconciliation de ces notions ; pour pleinement exprimer son potentiel et donner la pleine mesure à la transformation, le digital ne peut plus être dissocié de l’informatique de gestion de l’entreprise. La transformation digitale devient un projet « de bout en bout », partant du cœur du système de gestion pour aller jusqu’aux dispositifs clients.

Des projets plus exigeants et plus globaux, portés par des CDO moins évangélistes et plus proches de l’IT. Voici à coup sûr la tendance émergente, identifiée par ce baromètre, qui me semble devoir s’accélérer au cours des prochaines années.

Cette tribune vous est proposée par :
Quentin Bardet, Directeur Général Adjoint de Novedia, agence digitale du groupe VISEO.