Netflix a sorti ses résultats pour le troisième trimestre aujourd’hui, et le bulletin est bon. Avec un gain de 2,15 milliards de dollars soit un bond de 36% par rapport à l’année dernière et une hausse de ses abonnés de 3.6 millions (2.3 millions était la prévision ! ) on peut raisonnablement penser que leur stratégie basée sur les contenus estampillés « Originals » fut la bonne.

En effet, la firme a attribué sa surprenante performance au succès estival de Stranger Things et à la deuxième saison de Narcos. Cette réussite s’est traduite par une hausse de leurs actions de 20%. « Notre performance par rapport aux prévisions (86.7 millions  de streaming contre 85.5 attendus) est principalement due à l’engouement autour de nos contenus originaux Netflix », c’est ce qu’a écrit le distributeur de séries à ces investisseurs, d’un côté elle n’allait pas dire autre chose… « Produit et détenu par Netflix, Stranger Things nous permet une plus grande attractivité économique et un meilleur contrôle créatif. » De plus, ces succès populaires génèrent un revenu en plus et pas des moindres, à savoir les licences. Spotify par exemple paye le prix fort pour exploiter les Bandes Originales de Narcos et Strangers Things.

Ah l’histoire de l’outsider qui sort LA perf’ qu’il fallait, on raffole tous de cette histoire. Vous savez cet élève à qui au deuxième trimestre les profs prédisent gravement l’enfer s’il ne fait pas un effort pour le dernier trimestre.

Stranger Things et Narcos, de la poudre aux yeux ?

La croissance exponentielle de ces abonnés à pris fin au dernier trimestre. La société avait prévu une augmentation de 2,5 millions d’abonnés mais les bénéfices du deuxième trimestre révèlent qu’un peu moins de 1,7 million de personnes se sont inscrites. De plus la croissance des effectifs aux USA est en berne, ce segment a augmenté de seulement 2% entre juin 2015 et 2016, le plus bas taux d’ajouts d’abonnés aux Etats-Unis depuis 2012. « Nous grandissons, mais pas aussi vite que nous le voudrions, » a concédé Netflix dans sa lettre aux investisseurs pour le 2 ème trimestre. Dans cette lettre la firme fait part de ses difficultés à atteindre son nombre d’abonnés souhaité à cause de membres qui « churn » c’est-à-dire qui quittent le service, qui ont un taux d’attrition trop faible. Pour faire face à ce problème de saturation du marché domestique, Netflix adopte une stratégie conquérante et a annoncé son expansion vers 130 nouveaux pays, un marché de millions d’utilisateurs potentiels qui n’avaient pas accès à Netflix jusqu’à présent. Alors certes ils augmenteront leur nombre d’abonnés mais les experts ont prévenus : ces marchés ne sont pas susceptibles d’être rentable avant plusieurs années. Qu’on se le dise, par expansion mondial l’entreprise voulait surtout dire la Chine, le plus grand marché de consommateurs connectés au monde. Un vœux pieux pour le moment, dans la lettre aux investisseurs d’aujourd’hui ils notent : « l’environnement réglementaire pour les services de contenu numérique étranger en Chine est difficile. Nous prévoyons une licence de contenu aux fournisseurs de services en ligne existants en Chine plutôt que d’exploiter notre propre service à court terme. »

Désormais disponible en 22 langues, moins de la moitié des langues proposées par YouTube, la firme s’attèle à rendre ses contenus accessibles dans la langue maternelle de ses nouveaux clients. Ce qui entraînerait une deuxième vague d’adoption de Netflix dans certains territoires.

Le contenu, c’est le fonds de commerce de Netflix. La société a annoncé élaborer 1000 heures de créations originales en 2017, doublant presque ses 600 heures programmées pour cette année. Son dernier trimestre brillant et les succès populaires devraient rassurer les investisseurs quant à leur stratégie de contenu. La sortie de The Crown viendrait justement couronner (ou pas) ce nouveau virage et qui sait … permettre de faire face aux œillades de certains prétendants…