Ces dernières années, l’intelligence artificielle a progressé à pas de géant. Entre les services de bots qui explosent, les nouveaux robots et les voitures indépendantes, on ne sait plus quels domaines n’en bénéficient pas. L’art et la littérature ont même été confrontés à cette nouvelle méthode de création, avec plusieurs essais, certains concluants et d’autres plus insolites.

Intelligence Artificielle Siècle Digital

Que les romanciers ne s’affolent pas, la fin des auteurs n’est pas pour tout de suite ! Max Deutsch, un anglais inconditionnel d’Harry Potter et compétent dans le domaine informatique a essayé de faire écrire la suite de la saga à l’intelligence artificielle qu’il a fabriquée. Si l’idée est rigolote, le résultat l’est davantage. L’intéressé nous explique la méthode utilisée : « J’ai fait lire à un ordinateur avec le Long Short Term Memory (LSTM), un réseau de neurones récurrents artificiels (un puissant ensemble d’algorithmes), les quatre premiers tomes de la saga Harry Potter. Après, je lui ai demandé de produire des chapitres basés sur ce qu’il a appris. » 

Le résultat n’est pas probant :

« Harry collecta des doigts, une fois de plus, avec Malfoy. ‘Pourquoi elle ne m’en a jamais parlé ?’ Elle se volatilisa. Ensuite, Ron et Harry le remarquèrent, ce qui était presque bien.

Ron n’a même pas contrarié ses petits ingrédients dans les toilettes ni un groupe de troisième année, l’an dernier. Très touffu, il vola, ensuite, en éclats, rapidement. »

Heureusement, toutes les tentatives d’écriture par une IA ne sont pas si alambiquées. En juin, Oscar Sharp et le chercheur en intelligence artificielle Ross Goodwin avaient réussi l’expérience de faire écrire un scénario de court métrage à une IA. L’exercice s’est avéré un succès : bien que celui-ci soit légèrement farfelu, s’est vu adapté à l’écran dans un court-métrage. Ici la méthodologie s’avère être la même que dans le cas précédent : les chercheurs ont fait lire plusieurs scenarii de films et de séries à la machine, lui permettant alors de décrypter les différentes phases du texte.

Une méthode scientifique

D’après une étude menée par Andrew Reagan et ses confrères, il existerait six arcs de bases émotionnelles dans le storytelling, allant d’une constante à une fluctuation émotionnelle en fonction de la trame de l’histoire. Si l’on considère cette typologie, toutes les histoires suivent une des 6 trames relevées par l’étude américaine.

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Il est alors facile pour une intelligence artificielle d’analyser ces étapes et de produire une histoire sur un de ces schémas. Une fois les schémas mémorisés, le robot n’a plus qu’à inventer des détails et les calquer dessus. En scannant des romans à des IA, celles-ci n’ont plus qu’à enrichir leur vocabulaire et choisir les mots appris qu’elles veulent utiliser. Autrement dit, pour les récits produits par une IA, la notion de création perd tout son sens et en est réduite à une simple suite logique d’événements.

Aucune histoire n’est le produit de la simple imagination libérée, elle n’est que suite d’actions suivant un patron déjà pré-établi inconsciemment dans l’esprit des auteurs. La liberté créatrice ne serait-elle alors qu’un leurre propre à l’humanité ?