La lenteur d’un site web rebute de nombreux internautes et peut considérablement dégrader ses performances commerciales. Quelles sont les limites à ne pas dépasser en matière de temps de chargement ?

2,4 Mo. Tel est le poids moyen qu’affichent aujourd’hui les pages web (selon les statistiques compilées par httparchive.org). Tout juste 5 ans auparavant, cette même moyenne plafonnait à… 799 Ko, soit trois fois moins ! La qualité de nos connexions internet a beau progresser ­ tout en restant très dépendante de la situation géographique ­, difficile de croire qu’une telle prise de poids des pages web n’ait pas d’incidence négative sur la qualité de l’expérience utilisateur et le niveau de satisfaction des internautes…

Certains sites échappent pourtant à cette tendance inflationniste. En effet, le blogueur irlandais Ronan Cremin, a pu détecter une évolution inverse pour les sites les plus visités dans le monde. Ainsi, pour le top 10 des sites les plus visités au monde selon Alexa, la moyenne n’est que de 1,4 Mo et reste de 2,1 Mo pour le top 1000 soit 12% de moins que la moyenne du web. Mieux : depuis 2014, ces géants du web se sont mis à perdre du poids ! Ces sites parmi les plus gros ­ en termes de trafic, pas en termes de poids ­ sont probablement les plus sensibilisés aux problèmes de performance et à leurs impacts économiques. Rappelons qu’Amazon, il y a bientôt 10 ans déjà, avait perdu 1% de son chiffre d’affaires pour 100 ms de temps de chargement en plus.

Lourdes conséquences.

Les conséquences négatives d’un site trop lourd et trop lent à charger sont en effet aussi diverses que sérieuses. Nombre de cas concrets viennent confirmer cette menace. En premier lieu sur l’expérience utilisateur : comme le rappelle cet article sur la psychologie des consommateurs face au Ecommerce, 57% des visiteurs d’une page mettant plus de 3 secondes à s’afficher assurent qu’ils quittent purement et simplement le site, pour ne plus jamais y revenir pour 80% d’entre eux ! L’impact se révèle tout aussi fort sur les taux de conversion dans le eCommerce, comme le montre le récent exemple d’Etam qui en réduisant le temps moyen de chargement de ses pages de 1,2s à 500ms a fait grimper son taux de conversion de 20%… On pourra aussi trouver des preuves d’incidences de la vitesse ­ ou la lenteur ­ d’un site web sur des notions aussi stratégiques que le niveau du panier moyen (et son taux d’abandon), les revenus publicitaires, voire même le référencement naturel.

Des limites variables.

Dès lors, existe-­t-­il, en matière de poids ou de temps de chargement, une ligne rouge à ne pas dépasser pour les pages de son site internet ? Au risque de vous décevoir, il n’existe évidemment pas de limite absolue, applicable dans tous les cas de figure. Car les enjeux de ce que l’on appelle la performance web varient suivant de nombreux facteurs. Le domaine d’activité en premier lieu : il va de soi qu’un site de eCommerce (ou même un site média) a beaucoup plus à gagner à optimiser sa vitesse qu’un blog personnel ou qu’un site corporate.

La nature de l’auditoire cible ­ et surtout la qualité de leur connexion internet ­ peuvent aussi fortement conditionner le niveau d’exigence en termes de performance web : un site s’adressant aux internautes suédois, qui bénéficient d’un débit moyen supérieur à 19 Mb/s aura nécessairement un peu plus de marge de manoeuvre qu’un site visant une clientèle française et sa connexion moyenne 2 fois moins rapide… On notera également que la très forte progression générale des consultations via mobile a tendance à “durcir” les contraintes sur le contrôle du poids des pages web !
En résumé, votre site n’est pas caractérisé par une unique vitesse de chargement. Cette dernière est dépendante de la construction de vos pages bien évidemment, mais également du contexte de l’internaute.

D’autre part, toutes les pages ne se valent pas au sein d’un même site : vous n’aurez certainement pas les mêmes impératifs en matière de performance web pour vos fiches produits et vos mentions légales ! D’où l’importance de surveiller la vitesse de chargement de vos pages stratégiques et de vérifier l’impact d’un ralentissement sur le taux de conversion. Car dans ce cas, la ligne rouge à ne pas dépasser est celle qui vous fait perdre de l’argent !

Comment mesurer correctement la performance web ?

Pour déterminer une ligne rouge et s’assurer qu’elle ne soit pas franchie, il reste encore à déterminer quel(s) indicateur(s) mesurer ! Le chargement d’une page web implique de nombreuses étapes et contenus, et tous peuvent avoir un impact sur l’expérience utilisateur. Temps de réponse serveur, TTFB (Time to first byte), temps de chargement total, poids de la page, etc., sont autant d’indicateurs intéressants qui peuvent être récupérés via différents outils. Mais aujourd’hui, il est possible d’aller plus loin que la collecte de simples indicateurs techniques !

A ce jour, c’est le SpeedIndex qui semble faire consensus comme l’un des meilleurs indicateurs de performance pour retranscrire l’expérience utilisateur. Cet indice résulte en fait de l’analyse de la vidéo du chargement de la page web et retranscrit la vitesse d’affichage de sa partie visible (au dessus de la ligne de flottaison) en prenant en compte la progressivité de l’affichage des différents composants. Exprimé en millisecondes, il devrait idéalement – tout au moins selon les préconisations de Google – être inférieur à 1000. Ce qui correspond à un affichage de la partie visible achevé en moins d’une seconde. Attention, pour beaucoup, ce défi ne sera pas simple à relever !

A noter que ce SpeedIndex est calculé par un nombre plus restreint de solutions (DareBoost est une solution française qui vous permet de faire 5 mesures gratuitement par mois) et qui va nécessairement fluctuer suivant la résolution d’écran de chaque visiteur (puisque cela impacte la partie visible de la page) mais aussi suivant le débit dont il dispose.

Comparaison : la voie la plus simple ?

Au final, évaluer et surveiller correctement la performance de son site web n’est pas une tâche si aisée que cela. Elle ne se limite plus à la simple “pesée” de ses pages web ou à la vérification des temps de réponse de son serveur, valables du temps ou les pages web se résumaient à un simple fichier HTML et quelques images.
Si vous n’avez pas encore adressé ce sujet, comme souvent, un plan d’attaque intéressant consistera à vous positionner par rapport à vos concurrents ! Vous pourrez trouver sur le marché des outils qui vous permettront de mesurer la vitesse des pages de vos compétiteurs et donc de vous positionner par rapport à eux. Voilà comment se fixer aisément un premier objectif chiffré : être 20% plus rapide que la concurrence ! Dans son billet Fast Enough Tim Kadlec nous rappelle la règle des 20% apportée par Steven Seow : pour être réellement perçu comme étant plus rapide, vous devrez aller au moins 20% plus vite que vos concurrents ! Si la différente est plus faible, l’écart ne sera pas suffisant pour être perçu par la majorité des internautes. Un bon moyen pour déterminer où se trouve votre ligne rouge !

Cette tribune vous est proposée par :
Philippe Guilbert, responsable marketing communication de DareBoost.com startup française propose un service en ligne d’analyse, de surveillance automatique (monitoring) et de conseil en optimisation de la performance des sites web (temps de chargement, SEO, sécurité). Lauréat du trophée 2014 du salon Ecommerce de Paris, DareBoost compte déjà plus de 20.000 utilisateurs gratuits et 300 clients dans plus de 30 pays.
Site web : DareBoost.com