Nous sommes peut-être plus d’un à penser qu’Internet est au-dessus des gouvernements. Il y a quelques jours, le gouvernement français nous a donné raison en utilisant le référencement payant pour contrer les sites anti-IVG.

La lutte contre l’avortement existe depuis bien longtemps ; si elle se manifestait surtout dans la rue ou autour des sites concernés, elle est à présent active sur le net via des sites tels que www.droitdenaitre.com pour n’en citer qu’un. Dans un pays où l’accès à l’information objective est un pilier du principe de liberté, il est important que chacun puisse disposer d’éléments permettant d’orienter son jugement. Or, le réflex de chercher sur internet une réponse à la moindre interrogation implique qu’internet doit se vouloir impartial.

Pour contrer cette montée en flèche des sites anti IVG, la ministre de la santé a voulu mettre en place une action coup de poing qui permettrait de faire remonter le site institutionnel www.ivg.social-sante.gouv.fr/ivg.html en top liste des résultats proposés par Google. Ainsi, elle a partagé sur son compte twitter (@MarisolTouraine) un appel aux internautes à cliquer sur le lien du gouvernement afin d’optimiser son positionnement sur la page du moteur de recherche.

Si l’idée était très bonne, les internautes n’ont pas été assez nombreux pour hisser le site au premier rang et l’état a dû avoir recours à un autre moyen : le référencement payant.

Avant tout, faisons un petit focus sur le référencement. Il existe en existe 2 types : SEO (Search Engine Optimization) ou référencement naturel / SEA (Search Engine Advertising) ou le référencement payant.

  • Le SEO passe par le code du site : le webmaster doit savoir où placer les mots-clés pour que le site soit le plus rapidement possible détecté par Google qui peut alors le proposer en réponse d’une recherche.
  • Le SEA passe par l’achat des mots-clés via des plateformes : dans le cas présent, nous pouvons imaginer que le gouvernement a acheté des mots tels qu’ « IVG », « grossesse non désirée », « avortement », etc. Si un internaute effectue une recherche avec un des mots-clés achetés, le site se retrouve dans le top des réponses de Google.

 

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Marisol Touraine a donc été bien conseillée en tablant sur deux aspects du référencement : le nombre de clics et l’achat de mots-clés ; et la bataille pour l’avortement semble avoir été gagnée par la ministre (notons également qu’elle a annoncé la fusion de www.social.gouv.fr et www.santé.gouv.fr pour plus de portée). Néanmoins, cette action peut nous inquiéter quant à la future impartialité du web en matière gouvernementale. Celle-ci est nécessaire dans un système politique comme le nôtre car la démocratie requiert une grande objectivité et cette dernière est rapidement mise à mal dès lors que les institutions politiques démarrent la course au pouvoir.

Sommes-nous en train d’entrer dans une nouvelle ère, où les hommes et femmes politiques peuvent à présent acheter leur place sur Google tout comme on achète 30 secondes sur TF1 en prime-time, une double page centrale dans le Monde ou un 4×3 devant un centre commercial ? A l’heure où tout se monétise et où la visibilité est la condition sine qua non pour exister, la sphère politique doit-elle se plier au jeu du capitalisme digital ? Le référencement sera-t-il un jour un critère d’éligibilité pour une personnalité politique ? Il y aurait de quoi écrire un énième roman d’anticipation ! En attendant nous pouvons tirer notre chapeau à Google qui a réussi à élargir son portefeuille clients.

Sources : Twitter – francetvlexpress