Nous sommes peut-être plus d’un à penser qu’Internet est au-dessus des gouvernements. Il y a quelques jours, le gouvernement français nous a donné raison en utilisant le référencement payant pour contrer les sites anti-IVG.
La lutte contre l’avortement existe depuis bien longtemps ; si elle se manifestait surtout dans la rue ou autour des sites concernés, elle est à présent active sur le net via des sites tels que www.droitdenaitre.com pour n’en citer qu’un. Dans un pays où l’accès à l’information objective est un pilier du principe de liberté, il est important que chacun puisse disposer d’éléments permettant d’orienter son jugement. Or, le réflex de chercher sur internet une réponse à la moindre interrogation implique qu’internet doit se vouloir impartial.
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Pour contrer cette montée en flèche des sites anti IVG, la ministre de la santé a voulu mettre en place une action coup de poing qui permettrait de faire remonter le site institutionnel www.ivg.social-sante.gouv.fr/ivg.html en top liste des résultats proposés par Google. Ainsi, elle a partagé sur son compte twitter (@MarisolTouraine) un appel aux internautes à cliquer sur le lien du gouvernement afin d’optimiser son positionnement sur la page du moteur de recherche.
Merci à toutes & tous, mobilisés pour que le site officiel IVG redevienne N°1! Pr donner 1 coup de pouce cliquez sur https://t.co/AYb3gukBVU
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 7 janvier 2016
Si l’idée était très bonne, les internautes n’ont pas été assez nombreux pour hisser le site au premier rang et l’état a dû avoir recours à un autre moyen : le référencement payant.
Avant tout, faisons un petit focus sur le référencement. Il existe en existe 2 types : SEO (Search Engine Optimization) ou référencement naturel / SEA (Search Engine Advertising) ou le référencement payant.
- Le SEO passe par le code du site : le webmaster doit savoir où placer les mots-clés pour que le site soit le plus rapidement possible détecté par Google qui peut alors le proposer en réponse d’une recherche.
- Le SEA passe par l’achat des mots-clés via des plateformes : dans le cas présent, nous pouvons imaginer que le gouvernement a acheté des mots tels qu’ « IVG », « grossesse non désirée », « avortement », etc. Si un internaute effectue une recherche avec un des mots-clés achetés, le site se retrouve dans le top des réponses de Google.
Marisol Touraine a donc été bien conseillée en tablant sur deux aspects du référencement : le nombre de clics et l’achat de mots-clés ; et la bataille pour l’avortement semble avoir été gagnée par la ministre (notons également qu’elle a annoncé la fusion de www.social.gouv.fr et www.santé.gouv.fr pour plus de portée). Néanmoins, cette action peut nous inquiéter quant à la future impartialité du web en matière gouvernementale. Celle-ci est nécessaire dans un système politique comme le nôtre car la démocratie requiert une grande objectivité et cette dernière est rapidement mise à mal dès lors que les institutions politiques démarrent la course au pouvoir.
Sommes-nous en train d’entrer dans une nouvelle ère, où les hommes et femmes politiques peuvent à présent acheter leur place sur Google tout comme on achète 30 secondes sur TF1 en prime-time, une double page centrale dans le Monde ou un 4×3 devant un centre commercial ? A l’heure où tout se monétise et où la visibilité est la condition sine qua non pour exister, la sphère politique doit-elle se plier au jeu du capitalisme digital ? Le référencement sera-t-il un jour un critère d’éligibilité pour une personnalité politique ? Il y aurait de quoi écrire un énième roman d’anticipation ! En attendant nous pouvons tirer notre chapeau à Google qui a réussi à élargir son portefeuille clients.