Dans le cadre d’un petit déjeuner qui s’est déroulé au Club Horizons, le 18 septembre dernier, Antonin Leonard, cofondateur de Ouishare, accélérateur d’idées dédié à la société collaborative, est venu débattre des enjeux de ce mode de consommation, sans idées préconçues et sans tabous. La mission du Club Horizons est de concevoir, incuber et développer des projets citoyens. En 2006, le Club a ainsi porté le programme 100.000 Entrepreneurs qui vise à transmettre la culture d’entreprendre à des lycéens et collégiens.

La meilleure définition que l’on puisse donner de l’économie collaborative est qu’elle bouscule les anciens modèles économiques en changeant non pas ce que les gens consomment mais la manière dont ils le consomment. Concrètement, cela donne quoi ? Du covoiturage, du couchsurfing, la location d’objets entre particuliers, pour les formes les plus connues que prend l’économie du partage, mais aussi un outil de prise de décision collaboratif en ligne pour réunir virtuellement des groupes dispersés (Loomio), un site de vente en ligne spécialisé dans la vente de créations personnelles ou vintage sans intermédiaire (Etsy).
L’économie collaborative pose clairement la question du passage d’un modèle basé sur la possession vers un modèle basé sur la mutualisation des biens. Son essor, dans différentes sphères de consommation (covoiturage), de modes de vie (habitat collectif), de finance (monnaies alternatives), de travail (espace de coworking) ou de production en petite série (imprimantes 3D) interpellent les entreprises.

économie collaborative

Parmi elles, l’assureur MAIF ou la SNCF ont noué des partenariats avec Ouishare. Au-delà des valeurs communes qui existent entre l’assureur mutualiste et la société collaborative, ce rapprochement permet d’identifier toutes les activités qui sont impactées par l’économie collaborative et ont besoin d’un nouveau modèle d’assurance. Pour la SNCF, il s’agit d’imaginer la mobilité de demain et d’apporter aux voyageurs une réponse qui ne soit pas uniquement le rail, mais le covoiturage, ou le transport par car, par exemple. Chacun y gagne : la grande entreprise accélère sa mutation, Ouishare y trouve une forme de financement et une chambre d’écho.

économie collaborative TGVPOP
Pas de révolution, mais une évolution ; ce mode de rapprochement reste dans le prolongement du modèle libéral, avec une organisation traditionnelle qui apprend à se transformer au contact des start-up. Pour ces entreprises, l’économie collaborative est une fenêtre d’innovation non plus basée sur la recherche de produits nouveaux à large diffusion, mais sur l’apport de solutions qui viennent améliorer l’expérience de leurs clients et apporter de nouvelles sources de revenus. Par exemple, quelle forme d’assurance auto proposer à l’adhérent qui loue son véhicule à un particulier ? Quel moyen de transport le plus économique proposer, le 30 septembre 2015, pour rejoindre Genève au départ de Paris?
Sans internet et sans les nouvelles technologies, l’économie collaborative n’aurait pas connu un tel essor. Car c’est bien la facilité d’utilisation et le faible coût d’Internet qui ont permis la multiplication des communications entre individus et le maillage de communautés autour d’un ou plusieurs nouveaux comportements.

Si les grands groupes ont les moyens d’investir pour apprendre, stimuler l’innovation en leur sein et attirer les talents, nombre d’entreprises faute d’avoir intégré les codes culturels du numérique et une analyse pertinente de leurs parcours clients risquent d’être pénalisées et de perdre une partie de leur chiffre d’affaires faute d’alternatives souples à proposer.
C’est dire que l’économie collaborative peut également créer des exclus parmi les entreprises traditionnelles. Parmi ces nouveaux codes à intégrer figurent ce que les anglo-saxons appellent les « soft skills » ou l’intelligence relationnelle, celle qui permet de fédérer ses communautés et créer ses ambassadeurs. La bonne nouvelle est que cela s’apprend !