Le site CIO.com vient, dans un post, d’éclairer l’année 2015 de ses prévisions collectées auprès d’experts du domaine.

Qu’est-ce que ce sujet aride fait dans Siècle Digital, au milieu des stratégies de marques et des innovations technologiques ?

La réponse est dans la profondeur de la vague numérique : dans ce monde de l’IT qui tente de concilier l’effervescence et la volatilité des go-to-market et la durée toujours plus longue des contrats nécessitée par des investissements au nom de l’innovation et de la productivité, la culture de l’immédiateté et du anytime anywhere bouscule les vieilles dames.

Alors que nous dit CIO.com ?

Que 2015 verra un downsizing des opérations d’outsourcing qui seront plus drivées par le business, plus proches du métier client, plus souples et à la fois plus standards d’un client ou d’un opérateur à l’autre.

Au delà de la vague numérique, on peut également penser que les grands deals ERP qui ont tant coûté à nos clients ont laissé des traces financières et relationnelles IT-métiers et que les cartes sont logiquement rebattues.

Ainsi, voici, selon CIO.com, les 10 points qui changeront l’outsourcing en 2015 !

1. Les résultats business sont le vrai driver

Devant la difficulté de traduire des attentes business en indicateurs « techniques » pour le job outsourcé, l’externalisation se fait plutôt « as a service » et le partenaire, plus intégré au business du client, partage ses objectifs business : toutes les parties sont ainsi focalisées sur un seul résultat et les opérations sont exécutées « sans couture ».
Les tarifs se voient aussi de plus en plus basés sur ces résultats business…
À quand des tarifs IT en fonction du nombre de voitures vendues ou de l’audience TV ?

2. L’avènement des « Cloud Robots »

C’est une conséquence logique des technologies d’orchestration qui sont le véritable moteur de productivité du cloud et donc de la transformation de la consommation de l’IT.
La nouveauté serait de les voir partagés entre clients et opérateurs : ils représenteraient ainsi l’articulation intelligente entre les 2 parties, déchargeant chacun de tâches ingrates et portant des processus partagés.

3. Les clients comprennent et adoptent la standardisation

L’aspect centralisé du cloud mais également l’uniformisation des modes de travail dans l’ensemble du monde va permettre aux opérateurs de proposer des solutions homogènes et industrialisées sur tous les clients.
Ainsi, le client se consacre à innover et apporter de la valeur dans son business et se repose sur des solutions IT éprouvées, à l’état de l’art, économiquement ajustées et habilement intégrées à ses processus.

4. Cash is King : le règne de la renégociation

ISG n’attend pas moins de 100 milliards de dollars de renégociations cette année. Cette somme rondelette devrait être générée par le downsizing des opérations attisant la concurrence et introduisant des acteurs plus petits, plus adaptés (et sans doute moins gourmands en structure) et proposant un fonctionnement plus « cloud » donc à la demande.
Même si ces solutions requièrent une gouvernance plus forte, leur souplesse, la tarification « as a service » ou « as a result » et la capacité à faire du « service brokerage » sont des leviers très importants de coûts et de valeur.

5. Le risque fournisseur devient un risque entreprise

L’intégration plus forte des fournisseurs dans l’intité du business de l’entreprise et la plus petite taille de ceux-ci accroit le risque d’impact business en cas de défaillance d’un acteur.
Ajoutons à l’équation l’instabilité politique de certains pays accueillant l’offshore (Ukraine, Russie, …) ou les risques météorologiques qui vont pousser les clients (ou les fournisseurs) à proposer des solutions multi-pays qui répliqueront des fonctionnements et limiterons ainsi les impacts de défaillance dans certains pays.

6. Le développement du « multisourcing »

La tendance est là : les « sourcing models » des clients impliquant de plus en plus de cloud, de solutions Saas, et d’acteurs spécialisés plus petits induisent une gouvernance et un management du service plus riches.
Dans ce nouveau rôle de la DSI, les plus optimistes (et surtout les plus anglo-saxons) voient l’opportunité de mettre à plat les fonctionnalités et supprimer les services dupliqués ou redondants. C’est le risque du downsizing : la granularité éclaire la complexité mais nous place face à la mise en œuvre de vraies solutions… (versus la vision opaque d’un outsourcing global).

7. Le business prend (encore plus) la main

La prolifération des solutions Saas et la difficulté de la relation entre les métiers et la DSI poussent ceux-ci à contourner l’IT pour obtenir plus vite (et mieux ?) des solutions pertinentes.
La DSI doit se transformer en broker de service en plaçant sa valeur dans la pertinence et la souplesse/rapidité de mise en œuvre et, de nouveau, dans la baisse des coûts de fonctionnement.

8. Le déclin du RFP

Les process de RFP garantissant la complétude du besoin et pertinence de la solution sont vécus comme long et coûteux.
En outre, ils aboutissent à des contrats long et plutôt rigides tentant vainement de prévoir l’accueil de solutions technologiques dont les parties n’ont, au moment de la signature, aucune idée…
Ce paradigme pousse les entreprises à trouver de nouveaux modes d’achats comme les marketplaces d’entreprise autorisant le stock-picking et le multi-sourcing.
Le caractère pluri-annuel des contrats d’outsourcing laisse un peu de temps à la démarche mais, vu son ampleur, il me semble que les travaux doivent commencer maintenant…

9. Le cloud arrive enfin… et perd son nom!

Vague annoncée depuis plusieurs années, CIO prévoit, cette année (encore) sa réelle adoption.
Au delà de la boutade, la maturité des clients et des technologies sur les technologies cloud autorise l’hybridation des solutions et des infrastructures.
Logiquement, les clients vont continuer à privilégier le cloud pour les nouvelles applications et infrastructures, mais le portage du legacy va rester un sujet complexe à adresser application par application pour vérifier que ce le portage fait sens.
Cette hybridation devrait, par elle-même, rendre le terme de « cloud » obsolète qui devrait alors être remplacé par des descriptions comme Iaas, Paas ou Saas qualifiées de « partagé », « public », « privée ».

10. L’information et l’analyse valorisent le conseil

La complexité du multi-sourcing (et des clients) nécessite une vision claire de chacun des services pour construire les solutions pertinentes et faire émerger les optimisations en valeur et en coût.
Le métier du conseil en (out)sourcing repose maintenant plus sur des analyses chiffrées basées sur des modèles complexes (notamment pour mesurer la valeur apportée et son impact sur les résultats de l’entreprise) que sur une vision simpliste du choix d’opérateur et du prix.

 

En bref, 2015 est une année impertinente qui verra les vieilles dames malmenées et le business continuer à prendre le pouvoir et exploiter des services et des technologies qui transforment son quotidien…et le notre.

Bonne année 2015 !