C’est historique. Des employés d’un Apple Store situé à Towson dans l’État du Maryland ont formé un syndicat baptisé Apple Coalition of Organized Retail Employees, il se joint au l’International Association of Machinists and Aerospace Workers (IAM), un syndicat industriel qui représente plus de 300 000 employés outre-Atlantique. Ils deviennent les premiers salariés d’Apple à rejoindre se syndicaliser.

Une lettre envoyée à Tim Cook

« J’applaudis le courage dont ont fait preuve les membres du magasin Apple de Towson pour obtenir cette victoire historique. Ils ont fait un énorme sacrifice pour des milliers d’employés d’Apple à travers le pays qui avaient tous les yeux rivés sur cette élection », a déclaré Robert Martinez Jr , président international de l’IAM. Sur les 110 employés qui pouvaient voter, le syndicat a obtenu 65 votes positifs et 33 votes négatifs.

Avant l’élection, les employés du magasin ont envoyé une lettre à Tim Cook afin de lui demander de ne pas s’opposer à la formation d’un syndicat : « Nous nous sommes réunis en tant que syndicat par amour profond de notre rôle de travailleurs au sein de l’entreprise et par souci de l’entreprise elle-même. Pour être clair, la décision de former un syndicat a pour but de nous permettre, en tant que travailleurs, d’accéder à des droits que nous n’avons pas actuellement », peut-on y lire.

Apple pas très convaincue par la syndicalisation

Pour l’heure, Apple n’a pas réagi aux résultats de l’élection, mais la marque à la pomme a été accusée à plusieurs reprises de vouloir empêcher ses employés de se syndicaliser. Alors qu’un Apple Store situé à Atlanta était censé être le premier à organiser une élection syndicale, ses organisateurs ont retiré leur demande en affirmant qu’Apple utilisait des tactiques illégales de démantèlement syndical, telles que l’organisation de réunions en « public captif ». La firme a d’ailleurs récemment augmenté le salaire de ses employés retail de 20 à 22 dollars par heure, en espérant leur faire changer d’avis sur la formation de syndicats.

L’entreprise a par ailleurs fait valoir qu’elle proposait de meilleurs salaires que de nombreux détaillants ainsi que de nombreux autres avantages, notamment la sécurité sociale et des attributions d’actions.

Le mois dernier, Deirdre O’Brien, vice-présidente des ressources humaines et de la vente au détail chez Apple, a par ailleurs envoyé une vidéo à 58 000 employés du secteur pour les mettre en garde contre les inconvénients de la syndicalisation. Elle a notamment déclaré qu’il serait plus difficile d’apporter des changements dans les magasins où un syndicat s’interpose entre Apple et les employés.

Aux États-Unis, de plus en plus de syndicalisation

Apple n’est pas le seul géant technologique à s’opposer à la syndicalisation de ses employés. C’est également le cas d’Amazon, qui est accusée de pratiques illégales pour empêcher la création du premier syndicat de ses salariés dans l’un de ses entrepôts new-yorkais.

Plus globalement, un certain nombre d’entreprises américaines ont été confrontées à des campagnes de syndicalisation au cours de l’année écoulée. Par exemple, les travailleurs de plus de 250 sites Starbucks ont déposé des pétitions électorales pour se syndicaliser. D’ailleurs, Apple travaille avec le même cabinet d’avocats qui soutient la poussée antisyndicale de Starbucks.

Cet élan de syndicalisation survient alors qu’en 2021, 6,1 % des travailleurs du secteur privé étaient membres d’un syndicat, le taux le plus bas jamais enregistré, rapporte le Wall Street Journal. Confrontés à un marché du travail tendu ainsi qu’à une grande fatigue suite à la pandémie de Covid-19, de nombreux travailleurs souhaitent désormais se syndicaliser afin de faire valoir leur droit.

La syndicalisation des employés du Maryland pourrait faire des émules chez Apple : selon les dirigeants syndicaux, les salariés de dizaines d’Apple Store ont exprimé leur intérêt pour la syndicalisation au cours des derniers mois. C’est notamment le cas du magasin de Grand Central, à New York. Pour rappel, la firme de Cupertino Apple possède plus de 250 magasins aux États-Unis et emploie environ 65 000 personnes dans ce secteur. L’ensemble de l’entreprise emploie l’équivalent de 154 000 travailleurs à temps plein.