L’armée américaine a mené un vaste exercice, la troisième édition du programme Global Information Dominance Experiments (GIDE), au cours du mois de juillet. Le but de l’exercice qui a réuni 11 commandements de l’armée est de dominer le secteur de l’information et faciliter les prises de décision des responsables à l’occasion d’une crise.

Pas de technologies nouvelles, mais un changement fondamental

Au cours d’une conférence de presse, donnée le 28 juillet, le général Glen D. VanHerck, commandant du North American Aerospace Defense Command (Norad) et de l’U.S. Northern Command, en charge de la défense de l’Amérique du Nord, a expliqué que grâce à l’IA il est possible d’anticiper des événements à venir sur plusieurs jours.

Le principe du programme GIDE est relativement simple. Il consiste à exploiter les données disponibles grâce aux satellites, aux radars, au renseignement et à toute la myriade de capteurs dont les États-Unis disposent, via une IA.

L’IA peut déterminer si un missile va être lancé, si un sous-marin se prépare à lever l’ancre, si un avion se déplace vers une piste… Autant d’informations qu’un analyste aguerri pourrait déterminer grâce à des données adaptées. C’est ici que l’IA intervient, « Là où, par le passé, nous n’aurions peut-être pas mis les yeux sur une image satellite GEOINT avec un analyste, nous le faisons maintenant en quelques minutes ou presque en temps réel ».

Pour le général VanHerck, GIDE « Incarne un changement fondamental dans la façon dont nous utilisons l’information et les données pour accroître l’espace de décision des dirigeants, du niveau tactique au niveau stratégique ». Le haut gradé nuance néanmoins la portée technologique de GIDE, « je ne suis pas sûr qu’il y ait une nouvelle technologie ici, pour être franc. Amazon l’a fait de cette façon, Google… Beaucoup de gens ont trouvé comment mettre en commun et partager des données et des informations ».

L’IA américaine ne prendra aucune décision

Le général a tenu à rassurer le public qui a tendance à fantasmer sur les IA militaires préfigurant Skynet. Selon l’officier le programme GIDE peut préserver la paix, en étant une arme de dissuasion. Puisque le savoir c’est le pouvoir, anticiper les actions de l’adversaire c’est avoir les moyens de l’empêcher d’agir.

Ensuite l’IA ne doit pas prendre de décision. Ce facteur décisionnel humain est primordial pour le général VanHerck. Le programme suggère des options, les autorités américaines décident. Le programme GIDE serait déjà au point et le commandant de la défense des États-Unis a fait savoir son impatience à mettre le programme en oeuvre, « je pense que dans un avenir proche nous pourrons, en quelque sorte, construire le vélo tout en le conduisant ».