Google a annoncé récemment le retrait du projet de test à grande échelle de ses Google Glass. On pouvait accéder à ce petit bijou sous condition de débourser la somme de 1500 dollars ; depuis le 19 Janvier, ce n’est plus le cas. Pourtant bon nombre d’entreprises se sont jetées sur cette technologie souhaitant l’utiliser pour simplifier et/ou optimiser leurs process, ou simplement faire parler d’elles.

Nous avons eu récemment l’opportunité d’échanger avec Matthias Berahya-Lazarus, CEO de Bonial au sujet de la fin de Google Glass.

• Le retrait de la vente au grand public des Google Glass a été annoncé dernièrement par Google, pour vous, qu’est-ce qui justifie cette décision ?

Contrairement à ce qu’on a lu ces derniers jours sur « l’échec » de ce produit, je ne partage pas cet avis. Les Google Glass ont toujours été présentées comme un projet expérimental, exploratoire. C’est la toute première forme de lunettes connectées et ce prototype avait pour ambition d’explorer d’une part la créativité des développeurs sur ce support inédit, d’autre part l’accueil par le grand public d’un objet connecté en rupture forte avec ses habitudes.

Assez logiquement, et outre le prix qui n’a jamais vraiment été défini pour une commercialisation à grande échelle, ce nouvel objet s’est surtout heurté à plusieurs limites structurelles. Certaines sont technologiques et seront levées avec le temps (poids, durée de vie de la batterie, taille et position de l’écran…), d’autres sont conceptuelles (fallait-il concevoir le dispositif comme un second écran, par opposition aux dispositifs immersifs comme Oculus ou HoloLens), d’autres enfin sont sociologiques (tolérance de ce nouvel objet, intrusif pour soi-même et pour autrui). Mais je pense que grâce à ce coup d’essai, Google a beaucoup appris et sera en bien meilleure position pour de prochains lancements – ne doutons pas qu’il y en aura d’autres !

• Finalement, la Google Glass est faite pour une optimisation de process ?

Pour Google comme pour les développeurs partenaires, dont Bonial a fait partie en Europe, ces Google Glass ont constitué une excellente occasion de réfléchir sur la pertinence des cas d’utilisation et l’usage réel qui fait sens pour les professionnels ou pour le grand public.

Par exemple, les fonctions de recherche de magasins et de guidage que nous avions développées nous semblaient à ce stade un peu justes pour justifier d’un usage intensif par le grand public. Or, notre politique d’innovation est particulièrement claire : notre service, comme tout ce qui fonctionne dans l’univers mobile de manière générale, doit rester d’une grande simplicité d’utilisation pour rester universellement accessible et avoir du sens pour les grands magasins de distribution que nous représentons !

• Si la google glass disparaît du grand public, peut-on s’attendre une mise en avant plus poussée d’une autre catégorie comme des montres par exemple, ou à un nouveau modèle beaucoup plus user friendly ?

Je pense que les montres connectées disposent indéniablement d’un potentiel beaucoup plus fort pour le grand public. À tous points de vue, le « saut » est considérablement moins important pour ces appareils que pour les Glass. Technologiquement, l’affichage sur la montre ne pose pas de difficulté particulière et l’autonomie est déjà satisfaisante. Conceptuellement, ce dispositif sera naturellement adopté comme un second écran que l’homme manipule déjà souvent dans une journée classique. Enfin sociologiquement, c’est évidemment un objet qui fait partie de notre passé, de notre présent… et de notre futur, comme en témoignent les nombreuses anticipations de science-fiction autour de la montre dans le cinéma !

Pour toutes ces raisons, je crois bien davantage à une diffusion rapide de ces objets connectés. Le fait qu’Apple investisse ce marché dans les prochaines semaines est d’ailleurs révélateur, tant cette société est connue pour savoir innover « au bon rythme » !

On les pensait fichues, mais non. Les Google Glass ne sont pas mortes. Le développement d’une nouvelle génération a été confié à Tony Fadell, ingénieur a qui on doit notamment le premier iPod, ou la firme Nest.