L’année 2014 marque l’ascension fulgurante des entreprises issues de l’économie collaborative. À l’instar d’Airbnb, Uber ou BlaBlaCar, notre champion français, les habitudes de consommation évoluent et cette nouvelle économie s’impose d’elle-même avec des valeurs fortes et des communautés engagées.

Des solutions innovantes pour des problèmes concrets

Le succès de ces entreprises n’est pas dû au hasard mais à une accumulation de facteurs déterminants pour le comportement des consommateurs.

La valeur d’usage prend le pas sur la valeur de possession.

Réfléchissons à l’usage que nous ferons de l’objet avant l’achat. Est-il réellement nécessaire de devoir acheter et posséder cet objet ? Existe-il des moyens alternatifs me permettant d’utiliser cet objet sans l’acheter ? Ce sont ces questions auxquelles les précurseurs de l’économie collaborative cherchent à répondre en apportant des solutions d’usage face aux entreprises du secteur traditionnel. Aujourd’hui, grâce à l’économie collaborative, il n’est plus nécessaire d’acheter un objet / de le posséder personnellement pour pouvoir l’utiliser.
Quand la valeur d'usage remplace la valeur de possession.

Quand la valeur d’usage remplace la valeur de possession.

La dimension environnementale

La nécessité de réparer nos erreurs et de rectifier le tir le plus vite possible est grandissante. Par son activité, BlaBlaCar cherche à répondre aux conducteurs roulant seuls et souhaitant rentabiliser leurs trajets en prenant des co-voitureurs. Le bénéfice n’est pas seulement ressenti par l’environnement et la diminution des voitures sur les routes ! Le conducteur arrondit également ses fins de mois grâce à la plate-forme. La consommation collaborative permet donc, à l’échelle de sa communauté, de lutter contre la pollution, la surconsommation ou le gaspillage et cette lutte constante popularise  le mouvement en cette période charnière pour le climat.
BlaBlaCar, le champion français a récemment levé 100 millions d'euros pour conquérir le marché américain.

BlaBlaCar, le champion français a récemment levé 100 millions d’euros pour conquérir le marché américain.

L’essor de l’économie collaborative découle en partie de la crise économique.

La crise économique a touché en profondeur les pays occidentaux. La « Sharing Economy » dérègle les processus en permettant aux propriétaires/loueurs de rentabiliser leurs biens voire d’obtenir un complément de revenu pendant que les acheteurs/locataires bénéficient de tarifs défiant toutes concurrences. Ainsi, beaucoup génèrent aujourd’hui des compléments de revenu grâce à leur voiture, appartement, objets à louer…

La création de lien social

Dans un monde toujours plus connecté, cette nouvelle économie permet à tous de prendre plaisir à discuter avec ses voisins, avec des inconnus, de faire des rencontres dans un cadre d’échange, de partage. Alors qu’on reprochait à Internet d’éloigner les gens, il reconnecte aujourd’hui les internautes jusqu’à les pousser à la rencontre.
Si l’économie collaborative a le vent en poupe, c’est aussi grâce aux success-stories qu’elle suscite. Airbnb, BlaBlaCar, KickStarter et LeBonCoin sont quelques exemples de réussite qui ont motivé les entrepreneurs à innover dans ce sens.

Tous les secteurs concernés par ce changement

Ces solutions ont pour but de simplifier les processus et de redonner le pouvoir aux utilisateurs. Les initiatives se multiplient et chaque secteur est plus ou moins concerné par l’approche collaborative. L’équipe de CrowdCompanies a recensé plus de 9000 entreprises cherchant à changer les règles de leur secteur.
Ce chiffre important se justifie par une spécialisation grandissante des sites collaboratifs, cherchant à répondre aux besoins des niches. Ce choix stratégique transforme les utilisateurs en membres à part entière de la communauté, pleinement concernés par les futures améliorations du service.
Tous les secteurs concernés par la nouvelle économie

Tous les secteurs concernés par la nouvelle économie

Il est important de préciser qu’il existe toujours de nombreuses façons de simplifier des processus lourds et compliqués. C’est l’ambition de Troovon, plate-forme collaborative pour salariés qui amène l’économie collaborative en entreprise pour les salariés et les comités.
Le boom des plate-formes de crowdfunding (financement participatif) montre bien la conjoncture actuelle. Les porteurs de projets ne sont plus dépendants des banques pour débloquer des fonds. Ils peuvent désormais être autonomes et réussir à lever une somme cohérente avec l’ambition du projet grâce à une communauté de micro-financeurs particuliers. Le phénomène crowdfunding dépasse d’ailleurs toutes les prévisions économiques aux États-Unis et les plate-formes européennes commencent à bien tourner.
Financement participatif&nbsp: le soutien d'une communauté contre un cadeau symbolique

Financement participatif : le soutien d’une communauté contre un cadeau symbolique

C’est l’une des forces des entreprises du secteur collaboratif : réussir à capter une communauté qui devient concernée et engagée avec le temps. Il n’existe pas meilleurs prescripteurs que les utilisateurs les plus actifs. C’est cette même communauté qui devient le porte-parole de la marque, plusieurs évolutions majeures dans l’univers du collaboratif sont à noter pour l’année à venir. 

2015 – Vers une évolution des comportements collaboratifs

À l’aube de l’année 2015, certains aspects des plate-formes collaboratives actuelles sont en évolution. Jeremiah Owyang, fondateur de la structure d’accompagnement CrowdCompanies est intervenu sur le sujet lors de la conférence parisienne LeWeb. Un chiffre important a été rappelé lors de son intervention : selon une étude PwC parue fin novembre, le marché de la ‘Sharing Economy’ pourrait atteindre 335 milliards de dollars d’ici à 2025 contre seulement 15 milliards aujourd’hui.
L'univers collaboratif en 2014

L’univers collaboratif en 2014

Les jeunes start-ups du secteur cherchent aujourd’hui à privilégier l’expérience utilisateur, de l’inscription à la finalisation de l’acte d’achat/de location par la rencontre avec un autre membre. Les interfaces deviennent plus ergonomiques, en phase avec l’utilisation  des internautes.
L’ergonomie n’est pas le seul levier utilisé pour jouer sur l’expérience, les efforts sont aussi concentrés sur la relation marque/communauté. Les marques cherchent à rester proches de ses utilisateurs pour mieux comprendre leurs envies. Airbnb effectue un magnifique travail en ce sens, en proposant à ses membres la visite gratuite d’un photographe professionnel pour prendre des clichés de qualité pour leur annonce. BlaBlaCar se démarque aussi avec ses réunions mensuelles d’utilisateurs, où l’entreprise prend le temps d’écouter les remarques de ses membres pour ensuite améliorer la qualité de son service.
De nouveaux concepts naissent, les échanges collaboratifs deviennent plus naturels. Alors qu’ils étaient parfois lourds et ultra-sécuritaires, on assiste à une véritable recrudescence de la confiance entre particuliers. La valeur économique que représentait le collaboratif est peu à peu complétée par des valeurs d’échanges et de partage.
La diversification du collaboratif passe par tous les secteurs.

La diversification du collaboratif passe par tous les secteurs.

De nombreux sites sont créés avec des modèles différents. Par exemple, Cospomopolithome a lancé le NightSwapping. Le site permet à ses utilisateurs d’aller dormir chez un membre n’importe où dans le monde gratuitement à condition d’avoir soi-même hébergé un membre chez soi. La start-up française Talentroc permet à ses membres d’échanger leurs compétences et savoir-faire respectifs contre d’autres. Bricolage, langues étrangères, informatique… il vous est possible de monnayer ce que vous savez contre une compétence d’un autre membre dont vous auriez besoin.
C’est cet état d’esprit qui casse les anciens modèles pour proposer des services en réel rapport avec nos besoins.  C’est aussi en ce sens que les projets collaboratifs à venir se dirigent, comme par exemple MyCookr, réseau culinaire collaboratif qui prévoie son ouverture pour janvier 2015 et qui aspire à changer la donne dans l’économie collaborative du Food.

Pression de l’Etat et lobbys des concurrents

Malheureusement, l’ancienne économie ne compte pas regarder ses parts de marché diminuer à vue d’oeil. Elle riposte et utilise les armes légales disponibles pour lutter contre la croissance fulgurante des entreprises du collaboratif. En effet, si l’économie collaborative connaît une bonne croissance, elle joue parfois dans la nuance légale pour exister.
C’est ce qui alarme actuellement les sociétés de taxis qui combattent de toutes leurs forces Uber et ses chauffeurs VTC. Bientôt, les auto-écoles seront sur le pied de guerre avec l’apparition d’Ornikar, start-up collaborative qui compte complètement révolutionner le système actuel des autos-écoles.
Les sociétés de taxis en grève contre UberPop, le service de chauffeur particulier

Les sociétés de taxis en grève contre UberPop, le service de chauffeur particulier

Il en est de même pour l’éternel combat opposant les hôteliers à la firme américaine Airbnb. Tous les anciens secteurs dénoncent unanimement une certaine forme de professionnalisation des particuliers et les politiques ne savent pas encore ou se placer. En effet,  si l’économie collaborative nuit à certains secteurs traditionnels, elle constitue aussi une force de croissance non négligeable et regroupe de très nombreux entrepreneurs français qui trouvent dans l’économie collaborative un marché dans lequel la France pourrait faire de grandes choses.
Quel est le discours de l’État français au sujet de l’économie collaborative ? Les réponses restent, pour l’instant, floues. Toutefois, en réponse à la colère des sociétés de taxis, le gouvernement a récemment prévu l’interdiction du service UberPop d’Uber (Chauffeurs particuliers) à partir de Janvier 2015, dans le cadre de la loi Thévenoud. Mais le gouvernement fait preuve de chauvinisme à l’encontre du numérique français en soutenant nos initiatives collaboratives et, d’une manière plus large, numériques. Si la tendance continue ainsi, l’État devra de nouveau faire face à des conflits d’intérêts issus de l’explosion du web et le protectionnisme français devra apprendre à s’adapter à cette nouvelle économie.
Le pari français&nbsp: booster le numérique d'ici 2020

Le pari français : booster le numérique d’ici 2020