Jeudi 13 novembre 2014, la Française Des Jeux en partenariat avec le Groupement d’Intérêt Scientifique « Jeu & Société », présentait la deuxième édition de « (En)Jeux de société » à la Gaîté-Lyrique, on y était et on s’est pris au jeu. Lumière !

Un décor simple et efficace

9h : La Gaîté-Lyrique ouvre ses portes. Journalistes, chercheurs, marketeurs, geeks, sociologues, acteurs du monde du jeu et autres blogeurs de notre type, sommes accueillis avec viennoiseries et café, au deuxième étage de ce théâtre, programme en mains.

Petit déjeuner FDJ1 - enjeux de société
Petit déjeuner FDJ2 - enjeux de société

9h25 : Après un rapide passage au vestiaire, nous voilà installés dans une salle à capacité de 300 places, face à une scène aménagée de cubes lumineux et d’écrans colorés.
9h30 : On nous communique les codes WiFi et le hashtag dédié : #enjeuxdesociete, arrive Estelle Denis et la partie est lancée.

Estelle Denis - Animatrice de l'événement "Enjeux de société" 2014

Estelle Denis – Animatrice de l’événement


Une intrigue entre questions du quotidien et réflexions psychosociologiques

9h35 – 10h : L’ambiance installée, nous assistons à l’introduction de Stéphane Pallez, Présidente-Directrice Générale de la FDJ depuis seulement quelques jours.

Après s’être défendue d’être joueuse, « contrairement à ce que les journaux ont pu dire », (elle jouerait même à Angry Birds lorsqu’elle est énervée..!), elle ouvre le débat avec ce chiffre : 64% des français considèrent le jeu comme indispensable. Un marqueur social, voilà donc ce qu’est le jeu.

Quant à la Française des Jeux, la PDG n’oublie pas de nous rappeler que c’est parce qu’elle est « publique, populaire, engagée et qu’elle tend à évoluer avec ses clients et les pratiques de la société », qu’elle joue aujourd’hui le rôle d’incubateur de recherches et d’échanges sur ce vaste thème.

« Car le jeu est une pratique pour apprendre, s’insérer, je terminerai par citer A. Einstein : « il s’agit de la forme la plus élevée de la recherche » ». – S. Pallez

Stéphane Pallez laisse ensuite le micro à Joël de Rosnay, Docteur en sciences et prospectiviste, pour une intervention éclairante sur la place du jeu dans notre monde actuel et dans celui de demain.

Il apparaît alors considéré par tous, jusqu’à devenir un enjeu de conquêtes mondiales. Il est également présenté comme profitable à tous ceux qui sauront en tirer un « résultat à somme non nulle », c’est-à-dire sans perte de bénéfice d’aucun des acteurs, mais plutôt via des mécaniques de partage, de transmission, de collectivité.

« Tous » inclut donc les enfants. Ces derniers apprennent la vie en jouant, en construisant leurs propres scénarios, dont ils établissent les règles entre eux. Ce constat se veut ainsi la première pièce du thème N°1 de notre rendez-vous « Le jeu, activité sérieuse de l’enfant ».

Pour évoquer les idées qui seront abordées dans le deuxième thème (« Jeux et enjeux du virtuel »), J. De Rosnay poursuit en faisant le pont entre pédagogies ludo-éducatives, essentielle à l’enfant et jeux vidéo, qui peuvent faire office d’outils pour apprendre et mémoriser par l’émotion, le plaisir.

Enfin, son discours se termine en ouvrant la porte au troisième thème (« Le jeu piment du quotidien »), via l’évocation des tendances sociales qui nous animent. Nous serions ainsi entrés dans un écosystème numérique où Internet ne serait plus qu’un outil et où l’humain se verrait « augmenté » au quotidien. « De la société de la communication », nous serions passés à celle de la « symbiose ».

« Serious Gaming is Serious Business » – J. de Rosney

10h05 – 10h50 : Après une introduction riche en promesses, nous voilà plongés avec tendresse et étonnement dans une courte vidéo de témoignages d’enfants au sujet de leurs habitudes de distraction et jeux préférés. De leurs paroles, les intervenants de la première table ronde viennent à construire leur débat autour du thème N°1 « Le jeu, activité sérieuse de l’enfant ». 

Vidéo enfant Thème 1 - Enjeux de société

La bagarre est ainsi évoquée. Vue comme inquiétante par Elodie Gossuin, ancienne Miss France, chroniqueuse, mais surtout deux fois maman de jumeaux, elle n’apparaît finalement pas comme un jeu bon à être interdit dans les yeux du pédopsychiatre Stéphane Clerget : « il demande simplement à être encadré », nous explique-t-il. Car s’il est volontaire et limité dans le temps, l’espace et la forme qu’il prend, alors il devient source de distraction, de plaisir pour l’enfant.

De là, la question de la place et du rôle du parent dans l’activité de jeu se pose. Tantôt observateur bienveillant, tantôt adversaire redoutable, Stéphane Clerget et Juliette Vion-Dury, professeur de littérature, lui incombent des places variées, nécessaires au bon développement de l’enfant.

 « L’état et le processus du jeu sont importants. Il y a un état de détente de celui qui joue et un regard, une sommation de celui qui est là. » – J. Vion-Dury 

Thème 1 « Le jeu, activité sérieuse de l’enfant ».

Estelle Denis, Nathalie Bachelier, Stéphane Clerget, Elodie Gossun et Juliette Vion-Dury lors de la table ronde n°1.

« En tant que parent, il faut savoir faire bouger son enfant, par l’obstacle la frustration, pour leur apprendre à accepter de perdre… Comme il faut aussi savoir abaisser son niveau de temps en temps. » – S. Clerget

D’anecdotes du quotidien en analyses psychologiques, la discussion en vient à évoquer trois autres fonctions du jeu :
– le jeu comme signe de bien-être de l’enfant

Tweet @Doctissimo - Enjeux de société

– le jeu comme outil thérapeutique, utile notamment à la compréhension des problèmes de l’enfant
– le jeu comme outil pédagogique : « En France, l’école maternelle est l’une des meilleures, car elle utilise la pédagogie active. L’enfant est acteur de son apprentissage par le jeu et la manipulation. » – Nathalie Bachelier, Directrice du département Matériel éducatif des éditions Nathan.

Enfin, par l’évocation des risques d’addiction aux jeux vidéo et à ceux des modes des cours de récrée, les conclusions des experts aboutissent à l’idée que l’essentiel est d’attribuer un rôle éducatif ou de socialisation à ces expériences.

10h55 – 11h25 : Après une telle première partie, riches d’enseignements qui posait déjà la question de la place des jeux sur console et Smartphone dans la vie des petits, le thème N°2 « Jeux et enjeux du virtuel » se consacre aux jeux vidéo.

Non sans humour, les trois invités de cette table ronde s’accordent à démontrer que la diabolisation du jeu vidéo tend à s’estomper. En effet, grâce à la création de normes comme celles du PEGI, à des contrôles de la part des parents et à l’introduction de solutions de prévention à la construction des jeux, les risques d’addiction s’amenuisent, nous expliquent-ils.

« Il faut se méfier de soi plutôt que des jeux vidéo. (…) L’addiction est souvent le reflet d’un échec dans la vie réelle : un effondrement scolaire par exemple peut être la cause du refuge d’un ado dans le monde virtuel. » – M. Stora

Table ronde 2 : « Jeux et enjeux du virtuel »

Estelle Denis, Olivier Dauba, Florian Gazan et Michael Stora lors de la table ronde n°2.

Enfin, en bons défenseurs des jeux vidéo, Florian Gazan, chroniqueur et animateur, Olivier Dauba, Directeur Design chez Ubisoft et Michael Stora, Psychologue et Psychanalyste, tentent de renverser les clichés en plaçant ce loisir comme un formidable outil « d’ouverture aux autres » (jeux en famille, MMORPG, etc.), que les femmes sont de plus en plus nombreuses à investir et qui peut devenir un médiateur thérapeutique intéressant.

11h25 – 11h35 : Nous assistons à l’intervention de Dominique Desjeux, professeur d’anthropologie sociale et culturelle. Auteur de nombreuses études autour de notre thème du jour, il replace ainsi la question du jeu comme analyseur de société.

De l’observation de l’impact des nouvelles technologies sur le jeu, à la quête de solutions permettant d’assouvir les plaisirs agressifs des joueurs tout en les protégeant, D. Desjeux évoque ainsi les recherches menées ces dernières années et nous révèle que sa prochaine étude portera sur la femme et le jeu.

Dominique DEsjeux - Enjeux de société 2014

Dominique Desjeux lors de son intervention suivant le thème n°2

11h40 – 12h05 : Estelle Denis nous annonce l’ouverture du thème N°3 : « Le jeu, piment du quotidien », qui sera marqué par une première intervention de Jordi QuoidbachDocteur en psychologie, puis par une discussion avec Benjamin Castaldi, Animateur et Producteur d’émissions de télévision et Nicolas Stoufflet, Animateur et Producteur de radio.

Car à la question « Pourquoi jouez-vous ? », la majorité des individus répond « Pour gagner, devenir riche » et, in fine, « vivre heureux », Jordi Quoidbach prend le parti de nous exposer le bonheur sous l’angle de la richesse financière. Finalement, l’argent ferait-il le bonheur ?

Jeu et bonheur Jordi Quoidbach - Enjeux de société

Niveau de bonheur VS niveau de richesse – Jordi Quoidbach

Par biais de graphiques et résultats d’études surprenants, nous finissons par apprendre que non, nous ne sommes pas bien plus heureux en étant plus riches et ce, pour trois raisons :
– Après 2 ans, le niveau de bonheur retombe à son niveau quasi initial ;
– Avec la richesse, on perd le goût des choses simples, or elles sont importantes au bonheur ;
– L’argent éloigne des autres.

Après ces révélations, l’exposé de J. Quoidbach se termine par un clin d’œil à la FDJ : « 5 principes pour être un millionnaire heureux » :

1- Acheter des expériences (loisirs, sorties entre amis, voyages…)
2- Acheter du temps
3- Payer maintenant et consommer plus tard

« Payer fait aussi mal qu’une piqûre, il faut donc anticiper les dépenses » – J. Quoidbach

4- Dépenser pour les autres
5- Faire des pauses

Tweet : "Pour être plus heureux il faut faire des pauses, se priver de choses pour les savourer ensuite" - Enjeux de société

Ces conseils soigneusement notés, nous voilà arrivants à la dernière partie de cette matinée de discussions.

Table ronde 3 - Enjeux de société

Estelle Denis, Benjamin Castaldi et Nicolas Stoufflet lors de la Table ronde N°3.

À écouter Benjamin Castaldi parler des candidats de télé-réalité et autres jeux de télévision, on apprend que ceux-ci y participent pour gagner leurs dotations faramineuses (les fameux 100 000€ par exemple) et qu’il existe aujourd’hui des joueurs « professionnels », qui écument les plateaux en quête des gros lots. A contrario, Nicolas Stoufflet, affirme que les participants aux jeux à la radio viennent, quant à eux, pour partager une expérience sympathique avant tout.

Quoi qu’il en soit, dans un tel contexte difficile, le jeu apparaît comme « une bulle de bonheur » (N. Stoufflet), qu’on y participe ou qu’on y assiste simplement.

E. Denis : « Est-ce que la télé-réalité est encore un jeu aujourd’hui ? »
B. Castaldi : « Eh bien, demandez à Nabilla ! » #humourcontextuel

En regardant vers l’avenir de ces types de jeux, si l’animateur de radio est persuadé que l’on a « tout inventé » et qu’aujourd’hui toute innovation n’est qu’esthétique ou contextuelle, en revanche, le producteur de jeux TV nous avoue être persuadé qu’il y aurait encore des créneaux à prendre. En effet, les tendances se trouveraient du côté des mécaniques cross-canaux (type un jeu qui débuterait avec des sélections sur le digital pour terminer en plateau télé) ou encore de celles qui donneraient davantage de place à la chance pour pallier des déficits de culture (comme Money Drop par exemple). Tendances que Benjamin Castaldi révèle étudier de près puisqu’il aurait de nouveaux concepts d’émissions en préparation… Surveillons nos écrans !

12h05 : Les plus joueurs d’entre nous se voient offrir la possibilité de participer au Jeu des 1000€, enregistré en direct, au sein même de la Gaîté Lyrique.

Enfin, nous voilà arrivés au terme de cette matinée riche en informations, nos jeux préférés refaisant surface à toute vitesse dans nos esprits, aux côtés d’une envie de jouer à Candy Crush, au Monopoly ou encore Call Of Duty..! Et même si on aurait peut-être aimé entendre parler des problématiques de gamification en marketing et communication, on en ressort conscient que le jeu est un vaste thème, sujet à de nombreuses études et duquel on ne peut donc pas faire le tour en une matinée. Alors, en attendant la 3ème édition de « (En)Jeux de société », on peut toujours consulter le fil Twitter dédié #enjeuxdesociete largement plébiscité pendant cette matinée et découvrir l’étude Opinion Way menée pour la FDJ à l’occasion de cet événement pour plus d’informations chiffrées. Bonne lecture !