Voilà presque deux ans que les sujets sur l’impression 3D vont bon train sur la toile. Certaines marques créent directement des produits à partir d’une imprimante 3D, des scientifiques créent des prothèses révolutionnaires, d’autres créent des armes. Pour l’instant, l’expérimentation de l’impression 3D côté consommateur n’est réservée qu’à quelques happy few du fait du coût de cette technologie.

Mais à l’avenir, quand nous pourrons « tous » nous offrir une imprimante 3D, comment les marques vont-elles gérer la copie ? Ne sommes-nous pas à l’aube d’une nouvelle ère de piratage culturel ?

Le piratage culturel (en avance rapide) d’hier à aujourd’hui.

Pour les plus anciens d’entre nous, tout a commencé par un bel été 1999 quand Shawn FANNING lance sur internet un service P2P destiné au partage de fichiers musicaux. Du haut de mes 11 ans, sur mon vieil IBM avec ma connexion 56k qui coupait chaque fois que quelqu’un appelait chez moi, je découvrais pour la première fois la profondeur de l’infinie des internets. Napster sera très rapidement poursuivi en justice pour sa vocation illégale. Arriveront quelques années plus tard d’autres logiciels de P2P comme shaeraza ou emule ouvrant la voie au partage de films et logiciels. Se créeront par la suite des plateformes pour les torrents, puis d’autres pour le direct download.

Aujourd’hui le piratage de musiques, films, jeux ou logiciels a pris une telle ampleur qu’il sera impossible à stopper.
S’il s’est développé si vite au fil des années, c’est grâce à l’amélioration des puissances de connexions internet (de 56k hier, nous sommes à 100’000k aujourd’hui), et à la facilité d’accès aux PC.

Quels freins à cette hypothèse sur l’impression 3D ?

L’accès aux technologies est de plus en plus rapide, tablettes, smartphones, dans les années à venir, une part encore plus importante de la population sera équipée. On peut donc s’attendre à ce que les imprimantes 3D soient elles aussi plus faciles d’accès d’ici 3 ans.
Le seul frein qui subsiste, c’est la matière première. Même aujourd’hui les cartouches d’encre d’imprimante se vendent à prix d’or, alors des consommables pour imprimante 3D… Surtout que pour une grande partie des produits il faudra plus d’un matériau.

Alors, piratage ou pas piratage ?

Et bien, tout dépendra du produit que vous souhaitez hacker, de la taille de votre imprimante, et de son prix dans le commerce.
Les marques qui vont en premier souffrir de ce nouveau piratage seront les créateurs d’objets design. Au-delà du prix d’achat d’une machine d’impression 3D, si on me dit que je peux avoir un Artoyz pour de la matière coutant 30€, et qu’il en vaut 70 sur le marché, il n’y aura pas longtemps à hésiter. De la même manière, on pourra retrouver des figurines mangas (hors de prix sur le marché), tasses à café, ou des pièces de rechange. Pour cette partie, oui, il y aura piratage et les marques doivent commencer à s’y préparer.
Pour les produits d’habillement ou électronique, c’est assez difficile à dire, car il faudra un temps assez long d’adaptation aux pirates, ou entreprises fournissant les éléments de construction. Et d’un autre côté, le consommateur préfèrera dans de nombreux cas acheter un produit officiel Nike, Adidas ou Dior.

Les marques ont-elles conscience du danger ?

Je me suis rendu au Global Ecommerce Summit 2014 à Barcelone et j’ai suivi une session où la fondatrice des poupées Makie présentait son entreprise. Ses poupées sont entièrement imprimées en 3D. Au moment des questions, je lui demande si dans le temps, elle envisageait la possibilité d’être copiée grâce au scanner et à l’impression 3D. Elle me répondit alors qu’elle n’avait pas envisagé cette possibilité, et qu’elle ne pensait pas que l’impression 3D soit une grande menace. D’autres dans la pièce acquiesçaient.
Donc ma réponse est non, je ne crois pas que les marques soient bien conscientes du danger que peu représenter l’impression 3D, de la même manière que les majors n’ont pas été inquiétées pas internet.